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NAPOLEON Ier.
La Constituante n’avait pas réglé le sort des homilies de couleur aux colonies. Elle avait laissé aux blaues la liberté d’appliquer le code noir ou d’y renoncer. L’Assemblée legislative rendit, le IG octobre 1791, un déeret qui déelarait libre tout esclave qui débarquerait sur le sol frangais, et, le 28 avril 1792, elle accorda méme le droit élec-toral aux négres libres et aux mulåtres. Enfin, sur la proposition de l’abbé Grégoire, la Convention avait reconnu ä tons les noirs sans distinetion la liberté et les droits politiques, complétant ainsi un déeret de 1792 qui avait aboli la prime d’encourage-ment qui (chose qu’on å peine a croire) avait été accordée pour la traite des noirs. Ces dispositions étaient excellentes, mais trop brusques peut-étre. Il aurait fallu indemniser dans une certaine mesure les possesseurs d’esclaves. Sans doute cette in-demnité ne devait pas étre la représentation d’une propriété, nulle dans son principe, mais le dédommagement de dépenses faites de bonne foi sous Iji tolérance du légis- -lateur. Des luttes s’élevérent dans nos colonies, aux Antilles et å la Réunion, entre les planteurs et les gens de couleur. Les blaues, fort inférieurs en nombre å leurs adversaires, appelérent å eux les Anglais.
Un noir de Saint-Domingue, du nom de Toussaint, qu’on surnomma plus tard Louverture, parce qu’un commissaire de la Convention, Polverel, en apprenant que pour le rejoindre ce négre avait du passer å travers une masse d’ennemis, s etait écrié : « Cet honune-lå fait done ouverture partout! », Toussaint Louverture s’était mis å la tete des négres révoltés. C’était un liomme supérieur, qui aimait ås’appeler le Bonaparte des noirs. Soutenu par le chef des mulåtres, Rigaud, qui occupait le sud de l’ile, il en chassa les Anglais. Ceux-ci perdirent plus de 100 millions et de 40.000 liommes å la défense de quelques places. Les Frangais étaient plus respeetés, mais aussi mal vus que les Anglais. Le général Hédouville, envoyé par le Directoire, fut nierne obligé de se rembarquer et laissa ses pouvoirs å Rigaud. La ouerre éclata bientot entre noirs et mulåtres, et Rigaud, vaincu, se retira en France. Appuyé par le Premier Consul, qui avait reconnu, aprés le 18 brumaire, la liberté des noirs et leur égalité avec les blancs, Toussaint Louverture rétablit Fordre dans la colonie, protégea les blancs, distribua aux siens les terres que la guerre civile avait laissées sans maitres et les obligea å travailler.
ces expéditions furent formées, la paix semblait devoir étre générale et solide. La guerre lointaine paraissait étre la setile chance qui restait aux militaires de se distinguer, et on demandait comme une faveur de faire partie de ces expéditions coloniales.