ESCLAVAGE. — ST-DOMINGUE. — TOUSSAINT LOUVERTURE. 379
Il s’empara de la partie espagnole de l’ile et donna meine å Saint-
Domingue une Constitution aux termes de laquelle il était nommé gouverneur å vie (juillet 1801). Bonaparte ne consentit pas å recon-naitre cette déclaration cl’indépendance et, avant méme que la paix avec FAngleterre fut définitivement signée, il envoya pour soumettre l’ile 22.000 liommes sous le général Ledere, son beau-frére, l’époux de la belle Pauline Bonaparte, qui l’accompagna dans son expédition. Ledere emmenait avec lui les deux fils de Toussaint, élevés en France.
Les négociations qu’il commenga par leur entremise n’aboutirent pas. Le second passa méme dans le camp de son pöre. Mais Toussaint, vaincu dans plusieurs combats, fut obligé de faire sa soumission ainsi que ses lieutenants, Christophe et Dessalines.
Toussaint s’était retiré dans ses domai-nes. Il comptait sur la fievre jaune pour décimer l’armée frangaise. C’est alors que Napoléon promulgua une loi odieuse, qui fut en meme temps une faute politique trés grave et la véritable cause de la
perte de Saint-Domingue. Les noirs ne s’étaient soumis que sur la promesse que leur liberté serait respeetée, lorsqu’ils apprirent que le Premier Consul avait porté une loi qui rétablissait l’esclavage dans les colonies frangaises (30 floréal an X —20 mai 1802). C’était provoquer une nouvelle révolte et exciter les négres å faire å leur tour appel aux Anglais, qu’ils avaient jusque-lå si bravement combattus. Toussaint Louverture sort de sa retraite et rassemble bientot une armée. Les
Frangais, décimés par la fiévre et pouvant å peine se diriger dans un pays accidenté et mal connu, s’épuisent å se maintenir dans leurs positions. Ledere ne réussit å se débarrasser de Toussaint Louverture que par trahison. Sous le prétexte d’une entrevue, il le fit venir å bord de son vaisseau et l’envoya prisonnier en France, ou le froid, l’inaction, le manque d’espace ne tardérent pas å avoir raison de sa Constitution