ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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392 NAPOLEON I"r. yeux de l’Europe monarchique, son origine et le caractére démocratique de son gou-vernement. Peut-étre ce meurtre était-il une sorte de vendetta corse. Bonaparte n’en témoigna jamais de repentir. Il en revendiquait hautement la responsabilité devant le Conseil d’État, et plus de quinze ans aprés, å Sainte-Héléne, il soutenait encore qu’en cette circonstance il n’avait fait qu’exercer de justes représailles contre un parti qui lui disputait le pouvoir par des conspirations et méme la vie par des complots. On se peut demander si les justifications que donnait Bonaparte de sa conduite satisfai-saient pleinement sa conscience. II lui arriva de dire quelquefois, en voyant le gé-néral Hulin : « Sa présence m’importune; je n’aime pas ce qu’il me rappelle. » II avait raison d’éviter de pareils souvenirs; c’était lå une tache qu’aucune gloire ne pouvait faire oublier. Cette sanglante catastrophe donnait beau jeu aux ennemis de notre Revolution, et ils étaient nombreux dans les cours européennes. « Ainsi se trouvaient justifiées, di-saient-ils, toutes les appréhensions des souverains. Quoi qu’on püt dire, Bonaparte n’était que le représentant armé du jacobinisme, qu’il avait semblé d’abord vouloir exterminer. Ce n’était plus, suivant l’expression de Mme de Stael, qu’un Robespierre ä cheval. » Le meurtre du duc d’Enghien fut une des causes principales de la troi-siéme coalition. Le lendemain de cette exécution, il fit publier dans le Moniteur les lettres de Drake et de Spencer Smith, ambassadeurs anglais å Munich et å Stuttgart!, et découvrit ä tonte l’Europe que l’Angleterre se servait de ses représentants å l’étranger et profi-tait des immunités diplomatiques pour payer des assassins qui devaient la débarras-ser du Premier Consul. Tout le corps diplomatique en fut indigné, et les souverains de Baviére et de Wurtemberg congédiérent aussitot Drake et Smith. Le ministére anglais ne s’en émiit pas. II ne chercha pas å se justifier et déelara avec cynisme qu’il avait agi seion le droit des gens, « que tout gouvemement sage se devait å, lui-méme et au monde en general de profiter de tout mécontentement qui existe dans le pays avec lequel on peut se trouver en guerre, et, par conséquent, de préter aide et assistance aux projets des mécontents ». Cependant le proces de Georges et de ses complices excitait une grande agitation, surtout å cause de la présence de Moreau, le plus illustre des généraux de la République aprés Bonaparte. Quoique les relations de Moreau avec les conspirateurs ne pussent sérieusement étre niées, on pouvait soutenir qu’aucun de ses actes ne tombait directement sous le coup de la loi. On reprochait å la police d’avoir employé les menaces et méme la torture, ou du moins les mauvais traitements, pour obtenir des té-moignages contre le vainqueur de Hohenlinden (1). Moreau ne fut (1) Voir MU1C de Stael, Dix années d'exll, Ire partie, ch. xivet XVII. Voir surtout la derniére des