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NAPOLEON Ier.
maréchal Bugeaud, qiii portait å Austerlitz le sac de grenadier, l’armée était magni-fique et d’une rare solidité. Les éléments de force et d’action y abondaient. Quelques années de paix avaient été mises å profit pour y introduire la discipline et la regle, qui succédaient aux habitudes de laisser-aller et de désordre des troupes de la République et du Directoire. L’effectif de cette armée ne dépassait pas une juste mesure. De vieux soldats, vieux bien plus par l’expérience de la guerre que par l’åge, formaient des corps d’élite tres peu nombreux, rarement engagés, entourés par con-séquent d’un haut prestige et portant avec eux dans l’action un effet moral consi-dérable et toujours décisif (1). »
C’est ä partir de cette date que le groupement des troupes en corps d’armée fut substitué aux anciennes divisions. La division était trop faible; elle fut conservée, mais comme unité secondaire. Napoleon forma des corps composés de trois divisions et commandés le plus souvent par des maréchaux. Ces corps étaient autant de petites armées capables de supporter le clioc des forces ennemies et de donner aux autres corps le temps d’arriver en ligne. Cette concentration simplifiait les ordres, car Napoleon lui-méme, malgré l’étendue et lapuissance de son esprit, pensait qu’il était å peu pres impossible å un général de diriger avec précision plus de cinq å six unités distinctes. Enfin il forma des réserves puissantes de cavalerie, ne donnant å chaque chef de corps pour en disposer librement qu’une brigade de cavalerie légére. Quoiqu’il laissåt å chaque corps d’armée une artillerie importante, il forma aussi des réserves complétes de cette arme (2).
Le plan de Napoléon était de lancer dans le bassin du Danube cette armée formidable, de marcher avec elle sur Vienne et de con-server seulement la défensive en Italie. L’Empereur occupait le Hanovre et avait des garnisons dans les principales places maritimes du royaume de Naples. Les alliés veulent envoyer des troupes anglo-russes pour le chasser de l’Italie et des corps anglais, russes et suédois pour l’expulser du Hanovre. Soixante mille homilies sont destinés å ces deux expéditions excentriques. Napoléon le sait mais ne s’en inquiéte point. Il n’en ordonne pas moms l’évacuation de Naples et du Hanovre. Bientot Saint-Cyr rejoindra Masséna dans le Frioul, Bernadotte viendra prendre une part active aux opérations du Danube et aprés les prodigieux succés d’ülm et d’Austerlitz, on pourra reprendre aisément les positions qu’on a abandonnées. Ces diversions des alliés devaient done étre tout å fait inutiles (3).
(1) Bugeaud cité par Trochu : L’Armée franqaise en 18G7.
(2) Voir Thiers, tome V, et surtout Jomini, Vie politique et militaire de Napoléon, tome II.
(3) Jomini, De VArt de la guerre, édition de 1838, p. 186.