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NAPOLEON' Ier.
Napoléon s’était liåté de profiter de l’occupation des ponts du Da-nube pour porter au delå du fleuve Soult, Lannes et Murat, dans le dessein de couper la retraite å Kutusof et d’arriver avant lui å Hollabrunn, ou les Busses comptaient rejoindre la route de Moravie. Le plan faillit réussir. Murat, accourant marches forcées, put barrer en effet cette route å Kutusof. Il allait le couper de la seconde arinée russe. Mais il se laissa tromper par ce général, comme il avait trompé lui-méme ceux qui gardaient le pont de Vienne : Kutusof lui fit dire qu’un ar-mistice venait d’etre signé entre les belligérants. Murat ne fut pas ménie étonné de n’en n’avoir point été averti par Napoléon et suspendit sa marche. Quand il connut la vérité, il se jeta avec fureur sur l’ar-riére-garde des Russes. Il n’était plus temps; cette arriére-garde, com-posée seulement de 7 å 8.000 hommes, sous Bagration, combattit avec acharnement et se laissa écraser pour donner å Kutusof le temps de rejoindre le quartier général (18 novembre 1805). Les deux em-pereurs se trouvérent alors å la tete de 60.000 hommes, sans compter l’armée de Ferdinand, qui insurgeait la Boheme, et celle de l’archiduc Charles, qui arrivait d’Italie par la Hongrie.
Masséna, chargé d’abord de garder la défensive sur l’Adige, avait bientot regu l’ordre d’attaquer l’archiduc Charles pour l’empécher d’envoyer des renforts å l’armée de Mack. Masséna avait done enlevé la ville de Vérone et forcé les Autrichiens å se replier sur la hauteur de Caldiero, oiiil leur avait tué 6.000 hommes sans toutefois les chasse? de leur position (30 octobre). Mais l’archiduc, ayant regu le lendemain la nouvelle de? la capitulation d’Ulm, battit immédiatement en retraite jusqu’å Laybach, aprés avoir jeté garnison dans Venise. Masséna ne le poursuivit pas d’abord, parce qu’il était inquiet de l’arrivée dans le royaume de Naples d’une armée anglo-russe appelée par la reine Marie-Caroline. D’autre part, les affaires de Tyrol empéehaient Gou-vion Saint-Cyr de se porter de nouveau dans l’Italie méridionale. Ney avait été chargé de chasser du Tyrol l’archiduc Jean et s’était emparé de Scharnitz (7 novembre) et d’Inspruck. A la suite de ces événements, l’archiduc Jean s’était rapiclement dirigé sur Klagenfurth par le col du Brenner et le col de Toblach, pour y rejoindre son frére Charles.