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NAPOLEON I«
en personne les empereurs alliés. Ceux-ci avaient adopté un plan de Campagne, æuvre du général Weirother, qui consistait å couper les Frangais du Danube et å rejoinclre l’archiduc sur le Raab. Leur con-fiance était encore augmentée par les négociations avec la Prusse. On comptait que 60.000 Prussiens venant par la Boheme couperaient å Napoléon la route de France.
Le comte d’Haugwitz, qui dirigeait les affaires étrangéres de la Prasse depuis 1794 et l’avaittoujours maintenue dans une politique de neutralité habile, plutöt favorable ä l’alliance franjaise, avait été remplacé, en 1804, par son disciple Hardenberg, qui, par une singuliére illusion, crut suivre le méme Systeme en penchant avec passion tan-töt d’un cdté tantot de l’autre, sans comprendre que la mobilité dans les alliances n’est pas plus la neutralité que des emportements en sens divers ne sont la modéra-tion. Il accueillit d’abord avec empressement les offres qui lui furent faites, en aoüt 1805, par Duroc, en septembre par Laforest, relativement å la cession du Hanovre å la Prusse, cession par laquelle Napoléon voulait brouiller la Prusse avec l’Angle-terre et l’empécher ainsi de se réunir å la coalition. Lorsqu’il apprit la violation duterritoire d’Anspach par les Frangais, trop Franjais d’abord, Hardenberg devint trop Busse. Haugwitz ne put empécher le traité de Potsdam, mais il obtint du moins d’étre chargé de porter å Napoléon l’ultimatum de la Prusse.
Ainsi encouragés par l’attitude de la Prusse, les alliés se mirent aussitöt a exécuter le plan par lequel ils pensaient fenner å Napoléon la route de France. Ils étaient campés å Olmutz avec 90.000 bommes. Les Frangais, quin’étaient que 65.000, car Mortier était resté å Vienne et quelques autres régiments sur le Danube pour protéger au besoin la retraite, les Frangais avaient leurs avant-postes å Wischau, leur quartier général å, Brunn. L’ennemi, opérant son mouvement pour couper les Frangais de la Morawa, chasse d’abord nos avant-postes de Wischau, puis file au sud, sur Austerlitz, au lieu d’avancer vers Brunn. Son plan est done démasqué. Napoléon, voulant l’attirer sur le champ de bataille qu’il a choisi, parait å dessein montrer de la crainte. Il envoie Savary faire des propositions de paix. Le czar envoie å Napoléon son aide de camp Dolgorouki avec un ultimatum portant comme suscrip-tion : « Au chef de la nation frangaise. » Ce titre dispensait les alliés de reconnaitre Napoléon pour empereur et ils se faisaient presque autant d’honneur de cette trouvaille que d’une victoire.