ETAT DE LA PRUSSE. — LA REINE LOUISE.
463
réussir déjå en 1805. Vivement soutenu par la reine, il l’emporta enfin dans les conseils du roi, et la guerre avec la France fut décidée.
Cette guerre, Napoléon ne la voulait point, mais (attitude insolente de la Prusse la rendait inévitable; la Prusse allait étre bientot punie
de son orgueil et de sa haine. Et Napoléon pouvait avec raison comparer la reine de Prusse (( å la magicienne Armide mettant elle-méme le feu å son palais ».
Un peuple n’est pas nécessaire-ment dégénéré parce qu’il a cédé devant une nation précédemment vaincue par lui. Il suffit que le vaincu soit devenu plus puissant. Il n’est pas nécessaire qu’une armée ait perdu ses vertus mili-taires et qu’elle soit comman-dée par des chefs incapables pour expliquer ses défaites. L’armée romaine fut bien vaincue par An-nibal. Fredéric II, avec l’armée de Rosbach et de Leuthen, aurait été sans doute vaincu par Napoléon et l’armée d’Austerlitz. Mais ce qui doit étonner, c’est que la défaite de la Prusse ait été si prompte et qu’il ait suffi d’un seul jour de ba-
Fig. 170. —Davout, duc d’Auerstaedt, prince d’Eckmtilil. Peint par Gautherot.
taille pour la ruiner.
Frédéric II n’avait eu le temps que d’élever « une facade sur l’Europe » (1). Il n’avait pas formé de ministres capables de continuer son æuvre, car, suffisant ä tout, il se contentait de donner des ordres sans les expliquer. La corruption était grande dans ]a nation, principalement å Berlin, que Mirabeau appelle un noble tripot et ou la vénalité était commune. Son successeur, Frédéric-Guillaume II, y avait joint 1 hy-pocrisie. La masse de la nation, la bourgeoisie surtout, ou avaient pénétré les idées
(1) Voir dans Z’-Ewcpe la Revolution, de M.Sorel, les chapitres oii sont magistralement exposées les causes de la décadence prussienne. — Voir aussi l’article de M. Chuquet dans la Revue critique (n° 51 de l’année 1885), sur le livre du major von der Goltz : Rossbach und lena.