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NAPOLEON Ior.
franjaises, était mécontente de son abaissement social et de l’insolence de la noblesse. L’armée avait conservé ses vertag militaire?, mais elle se laissait aller å la routine; ses officiers se montraient trop souvent « présomptueux et indécis, pédants et irrésolus ». Le soldat, fort durement traité, n’avait aucun espoir de passer officier. D’ail-leurs l’armée, recrutée dans les divers pays de l’Allemagne et méme å l’étranger, n’avait pas le sentiment national; elle était un peu comme la Prusse elle-méme, qui formait moins une nation « qu’une mosa'ique savamment composée ». Elle accueillit l’ennemi sans répugnance et « les lettres retracérent les opérations militaires de 1806 comme s’il s’agissait de guerres de l’Angleterre dans les Indes ». La Prusse n’était pas l’Allemagne.
Frédéric-Guillaume III, qui régnait depuis 1797, aurait pu arréter la décadence de son pays å laquelle son pére avait tant contribué. Il était économe, austére. Quoiqu’il se fut signalé par sa bravoure, sur le Rhin et en Pologne, lorsqu’il n’était que prince royal, il aimait la paix, mais il n’avait pas le caractére assez ferme pour résister å son entourage. La reine Louise et le parti militaire allaient l’entrainer dans une politique aventureuse qui conduisait aux abimes; Ils comptaient sur les Kusses, qui n’avaient pas signé le traité de Presbourg et qui, par la connivence du gouverneur autricliien, avaient occupé les bou-clies de Cattaro, que ce traité nous avait attribuées. Les négociations entreprises å Paris par M. d’Oubril n’avaient pas eu de résultat. On était done sur que l’armée cl’Alexandre viendrait se joindre å l’armée prussienne. Mais l’aveuglement et l’orgueil étaient tels å Berlin qu’on n’attendit pas les Russes : il semblait qu’on voulait avoir seul l’hon-neur de la victoire.
La Prusse cherchait å organiser, sous sa présidence, une confédéra-tion dans l’Allemagne du Nord. Napoléon s’y opposa en déclarant que l’occupation. de la Saxe par les Prussiens serait le signal de la guerre. La Saxe fut envahie et les troupes saxonnes incorporées dans l’armée prussienne. L’électeur de Hesse envoya spontanément au roi de Prusse un contingent de 12.000 hommes. Les Prussiens n’attendirent pas méme l’appui des Russes et l’or des Anglais. Fiers de la répu-tation militaire qu’ils avaient acquise sous Frédéric le Grand, ils se croyaient invincibles et regardaient avec mépris les Autrichiens et les Russes, qui s’étaient maintes fois laissé battre par des Fran^ais.