LES ANGLAIS EN TURQUIE, CALABRE, ÉGYPTE. 481
Fig. 182. — De Chasseloup-Laubat.
par crainte du czar, avaient bien acoueilli le général Sébastiani, ambassadeur de Napoléon. Ils avaient entrepris de replacer sous la domination ottomane la Moldavie et la Valachie. Alexandre avait alors envoyé Michelson avec 80.000 hommes occuper ces deux contrées. Les généraux russes firent peu de progrés de ce c6té. L’effort de la guen-e s’était concentré sur le Niémen. L’amiral anglais Duckworth parat sur ces entrefaites å l’entrée des Dardanelles et somma Sélim de faire la paix avec la Eussie et d’entrer dans la coalition. contre la France. Le sultan refusa, mais, malgré les avis pressants de Sébastiani, il ne fit aucun préparatif de défense. Un Frangais établi ä Constantinople, M. Ruffin, fut d’un grand secours å S’ébastiani dans ces circons-tances. Il ne croyait pas sincéres les me-naces des Anglais contre Constantinople, il comptait sur leur rivalité avec les Eusses et étaib persuadé que l’amiral anglais n’était pas disposé å donner un assaut å la ville, å, la ruiner pour permettre aux Russes de s’emparer bientöt de cette position. Il pensait que le meilleur moyen de braver leurs menaces était de les mettre au défi de les exécuter. Le sultan, gagné enfin par Sébastiani, lui laissa diriger la défense. La population turque, réveillée de sa torpeur par l’attitude de l’ambassadeur frangais, montra une acti-vité inattendue. Pendant qu’on amusait Duckworth par des négociations, l’Helles-
ponb fut couvert de batteries turques et l’escadre anglaise fut menacée de ne pou-voir sortir de la mer de Marmara. Duckworth se håta done de s’éloigner. Au passage, le feu des forts lui tua quelques hommes et lui coula deux frégates. Au sortil’ des Dardanelles, il trouva l’amiral russe Siniawin, « qui lui proposa d’y rentrer ensemble et daller, de concert, dicter la loi au divan. L’Anglais se garda bien d’accepter une teile proposition, non, comme on l’a dit, par timidité, mais pour ne pas donner aux Russes la joie d’liumilier le Croissant et de réduire Constantinople en cendres. Il abandonna ces parages et cingla vers l’Egypte (1). »
L Angleterre chercha å se venger de l’échec des Dardanelles par des expeditions particuliéres. Deux fois, les flottes anglaises essayérent de s’emparer de Buenos-Ayres, soulevée contre l’Espagne. Une petite armée passa de Sicile en Calabre pour surveiller et soutenir la ré-volte de cette province contre les Frangais; elle fut battue par
(1) Lefebvre, ouvragefité, t. III, p. 57.
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