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NAPOLEON I«
sentit'å signer une capitulation. Pendant six semaines, les arsenaux, li-vrés aux Anglais, ne cessferent de travailler å réparer la flotte danoise pour la mettre en état d’étre emmenée en Angleterre. Cette agression sauvage souleva contre l’Angleterre (indignation de la Russie, de la Prasse et meme de l’Autriche. Chacune de ces trois puissances fit exécuter le blocus Continental et adliéra au décret de Milan, par lequel Napoléon venait de répondre aux vexations de plus en plus violentes de l’Angleterre.
Le Portugal n’imita pas leur exemple, et l’Empereur le somma d’adhérer au blocus. Le prince régent cle Portugal (1), tout dévoué å la politique de Londres, s’engagea, pour gagner du temps, å fenner ses ports aux Anglais, mais resserra son alliance avec 1 Angleterre et se disposa å s’enfuir au Brésil. Napoléon, résolu alors a détroner la maison cle Bragance, signe avec le gouvernement es-pagnol le traité de Fontainebleau, aux termes duquel la France devait envoyer en Portugal 25.000 bommes et l’Espagne 24.000. Ce royaume serait partagé en trois parties : le roi d’Étrurie, genclre de Charles IV, recevrait celle du nord en échange de la Toscane; Godoi, celle du sud, et le centre resterait sous le séquestre de la I rance. Junot lut envoye en Portugal avec 25.000 conscrits sans ancune expérience de la guerre. Mais, protégés par la gloire des vainqueurs de Friedland, ils ne trou-vferent sur leur route aucun obstacle et arrivérent å Lisbonne, exténués par la rapidité de leur marche, quelques heures seulement aprés le départ de la cour et de la noblesse portugaise pour le Brésil (octobre-novembre 1807). Janot organisa militairement la contrée, tandis que 24.000 Espagnols pénétraient dans les Algarves.
Malgré l’appui que le gouvernement espagnol venait do preter å ses desseins sur le Portugal, Napoléon n’était pas sur de la cour de Madrid. Le roi Charles IV, vieux et sans caractére, abandonnait la conduite des affaires å un aventurier, Emmanuel Godoi, qu’il avait créé succes-sivement premier ministre, généralissime et grand amiral, enfin prince de la Paix. Quoiqu’il n’eut d’autres mérites que d’étre protegé par la
(t) Il fut roi i partir de 1816, sous le nom de Jean VI; il gouvernait le Portugal depuis 1793 pour sa mere Maria Ir”, frappée d’aliénation mentale, et avait pris le titre de régent depuis 1799.