514
NAPOLEON I«
On croyait qu’il se prononcerait pour Ferdinand, mais.il garda la neutralité entre ce prince, qui suppliait l’Empereur de le reconnaitre roi d’Espagne, et Charles IV, qui avait de son coté écrit å Napoléon pour protester contre son abdication et demander pour lui, sa femme et son eher Godoi, une retraite au delå des Pyrénées. Napoléon comprit qu’il était impossible de faire accepter å l’Espagne le gouvernement de Charles IV et de son favori. D’autre part, il connaissait la haine de Ferdinand et de son parti pour la France ; ratifier son avénement, c’était ruiner d’avance l’exécution de ses desseins d’étendre le blocus Continental å la Péninsule et d’assurer notre fron-tiére des Pyrénées. Il ne voulait pas avoir l’air de dépouiller de force les Bourbons, et, sans former encore de plan bien arrété, il conQut l’idée d’obtenir l’abdication du fils aussi bien que du pére. En attendant, il recommanda å Murat de faire en sorte que les Espagnols ne pussent pas soupgonner le parti qu’il prendrait : « Cela ne sera pas difficile, disait-il, je n’en sais rien moi-méme. »
Cependant Napoléon s’était rendu å Bayonne, et Ferdinand, per-suadé qu’il ne pourrait régner sans avoir été reconnu par l’Empe-reur, s’était mis aussitöt en chemin pour aller le trouver et prévenir son pére, qui avait la méme intention. A son arrivée å Bayonne, le prince renouvela sa demande prés de Napoléon et lui offrit d’assurer l’al-liance intime de la France et de l’Espagne en épousant une princesse de la famille Bonaparte. Dés que l’Empereur eut sous les yeux le triste rejeton de Louis XIV, il perdit tout espoir de régénérer la Péninsule å l’aide des Bourbons. Il fit demander å Ferdinand sa renonciation au trone d’Espagne moyennant l’indemnité de la Toscane. « Il faut vous décicler avant l’arrivée du roi votre pére, lui dit-il, car je suis sür d’obtenir de lui tout ce que je voudrai. » Il avait fait délivrer par Murat et envoyer pres de lui le ministre Godoi, sur l’influence duqnel il comp-tait pour obtenir la renonciation de Charles IV. Le vieux roi arriva, en effet, bientot aprés, et, enchanté de la réception toute royale que lui fit Napoléon et de la délivrance de son favori, voulut contraindre son fils å abdiquer. Ferdinand demandait å consulter les cortés lorsque l’indignation soulevée par l’invasion perfide des Frangais et par le départ de la famille royale fit éclater å Madrid une insurrection, que Murat fut obligé cle réprimer par la force et par l’exécution des plus compromis cl’entre les conjurés (2 mai 1808). La date du 2 mai, El dos de Mayo, anniversaire du premier signal de la résistance å l’en-vahisseur, est cliére å tout Espagnol; c’est la féte nationale de