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NAPOLEON I«.
faisant de tout cæur cause commune avec leur gouvernement. Les Es-pagnols n’étaient pas des ennemis å dédaigner malgré leur décadence : « line faut pas croire, disait Napoléon lui-méme, qu’on attaque une nation désarmée et qu’on n’a que des troupes å montrer pour soumettre l’Espagne. On a affaire aun peuple neuf. Il a tout le courage et il aura tout le courage qu’on rencontre chez les liommes que n’ont point usé les passions politiques. » Le clergé espagnol, tout-puissant sur (esprit du peuple et craignant particuliérement les iclées frangaises, souleva le fanatisme contre ceux qui avaient pillé les églises et persécuté la religion pendant la Révohition. La guerre contre les Frangais fut une guerre sainte. Tandis qu’une junte réunie å Madrid reconnaissait Joseph comme roi d’Espagne et prétait serment å la Constitution im-posée par l’Empereur (9 juillet 1808), une junte nationale réunie å Séville déclarait une guerre å mort å la France jusqu’å ce que les Bourbons fussent rétablis et l’Espagne évacuée. C’est elle qui orga-nisa la résistance et relia les insurrections locales. L’Angleterre, qui n’intervenait plus directement sur le continent depuis prés de dix ans, comprit que le moment était venu de changer de conduite. Elle se håta de faire alliance avec la junte de Séville; elle lui envoya 200.000 fusils, 200 canons, 76 millions, beaucoup d’officiers : elle formait déjå le dessein de diriger de ce coté toutes ses forces.
Napoléon n’avait en Espagne que 8.000 conscrits, trop jeunes pour résister å l’åpreté du climat et aux difficultés du terrain, trop peu formes aux cruautés de la guerre pour ne pas s’effrayer des fureurs des Espagnols. Murat eut le tort de disséminer ses forces tandis que l’ennemi concentrait les siennes. Cependant nous eümes d’abord des succés. Le corps espagnol (35.000 bommes), envoyé dans le nord du Portugal en vertu du traité de Fontainebleau, s’était déclaré contre les Frangais : il s’avangait sur le Douro et menagait de couper la route de Madrid. Besseres marcha avec 14.000 hommes contre les insurgés, que commanclait la Cuesta, les atteignit å Medina del Rio Seco et leur en tua ou prit 12.000. Le reste s’enfuit en Galice (14 juillet 1808). Cette victoire permit å Joseph d’entrer å Madrid. Mais on put bientot se rendre compte que dans cette guerre les vie-