JOSEPH, ROI D’ESPAGNE. — INSURRECTION NATIONALE. 517
autres princes å Valen^ay. D’aprés le væn d’une junte réunie par Ferdinand lui-méme avant son départ pour Bayonne, Joseph Bonaparte
fut proclamé roi d’Espagne.
Mais les Espagnols n’étaient pas disposés å preter å l’Empereur le concours au prix duquel il promettait de les régénérer. Ils avaient le droit de se méfier d’un allié qui s’introduisait chez eux par trahison.
Presque tous ceux qui avaient ac-cueilli d’abord avec faveur le nouveau souverain ne tardérent pas å l’a-bandonner, lorsqu’ils virent qu’il n’é-tait en réalité qu’un fonctionnaire de Napoléon et que l’Espagne ne serait plus qu’une province frangaise. L’Europe s’indigna du guet-apens de Bayonne et la France condamna, clés le premier jour, une politique contraire å sa dignité comme å ses intéréts. Il fallait porter en Espagne, non pas nos armes, mais nos idées; c’était une grande erreur que de vouloir détruire l’indépendance de tout un peuple et de soulever contre soi une guerre nationale, au lieu de s’en tenir å une guerre politique et par conséquent limitée. Napoléon
Fig. 201. — Moncey, duc de Conegliano.
Peint par Barbier Walbonne.
le reconnut lui-méme.
A Sainte-Héléne, il écrivait : « Ma plus grande faute est d’avoir mis de l’im-portance a détroner la dynastie des Bourbons. Charles IV était usé. J’aurais pu donner une constitution liberale ä la nation espagnole et charger Ferdinand de la mettre en pratique. S’il l’exécutait de bonne foi, l’Espagne prospérait et se mettait en harmonis avec nos mæurs nouvelles. S’il manquait å. ses engagements, les Espagnols eux-mémes l’auraient renvoyé... La guerre d’Espagne a été une véritable plaie et la cause premiere des malheurs de la France. C’est ce qui m’a perdu. »
Tant qu’il n’avait eu affaire qu’å, des souverains, il avait vaincu; mais maintenant il allait avoir å lutter contre les peuples eux-mémes,