Napoleon 1er Et Son Temps

LES ASTGLAIS EN ESPAGNE. — CINTRA. 521 La nouvelle de ce désastre remplit Napoléon de douleur et d’indignation. « De-puis pres de trois lieures, dit Champagny, la fatale nouvelle était entre ses mains. Il avait exhalé seul son désespoir. Il me fit appeler. Des. cris plaintifs sortaient involon-tairement de sa poitrine. » Un membre du Conseil d’Etat a aussi raconté que l’Em-pereur était venu, aprés cette malheureuse affaire, apporter au Conseil un projet de Fig. 203. — Le maréchal Soult. Peint par J. de Laval. (Phot, de Braun.) décret pour régler le mode de mise en jugement des chefs d’armée. « Avant de dis-cuter ce projet, dit-il, Napoléon a parlé de l’événenient, et son cæur n’a pu retenir les sentiments qui l’oppressaient. C’était la premiere fois que la victoire abandon-nait ses drapeaux et que ses aiglés étaient humiliées. Le prestige était détruit. Il s’est livré å l’épanchement de sa douleur jusqu’å laisser voir des larmes dans ses yeux, et, aprés avoir parlé des ressources que le général aurait pu trouver dans son désespoir, il s’est écrié : « Oh! que le vieil Horace a bien raison, aprés avoir dit : « Qu’il mourüt! » d’ajouter : « Ou qu’un beau désespoir alors le secourüt! » et « qu’ils connaissent mal le cæur humain ceux qui blåment Corneille et l’accusent