NAPOLEON I”.
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pereur d’Autriclie n’y parurent. Le premier se fit representer par son fröre Guillaume. Le second aurait désiré venir en personne trouver Napoléon. Sa demande avait été écartée et il envoya en son nom le baron de Vincent porter aux deux empereurs l’assurance de ses sentiments pacifiques. Napoléon fit tout ce qu’il put pour s’at-tirer la confiance de son allié et pour gagner aussi Goethe, Wielande et les kommes de génie dont la littérature allemande recevait tout son éclat et dont les écrits entretenaient le patriotisme germanique. On le vit abandonner pour la leur la société des princes qui l’environ-naient. Il leur donna des fétes splendides au mili'eu desquelles Talma représenta « devant un parterre de rois » les chefs-d’æuvre de Corneille, de Racine et de Voltaire. Napoléon défendit de donner aucune coméclie de Moliére : « Il ne serait pas compris en Allemagne, » disait-il • le critique Schlegel ne devait pas tarder å lui donner raison en préférant Scribe å Moliére.
On joua done des tragédies. Lorsque, dans VCEdipe de Voltaire, l’acteur chargé du röle de Pliiloctéte récita ce vers (acte I, scene i):
L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux,
le Czar Alexandre se leva et serra ostensiblement la main de Napoléon qui était assis å coté de lui. Ce ne fut pas la seule allusion ä laquelle donnérent lien les spectacles d’Erfurt. Napoléon, malgré les protestations de Talma, fit jouer aussi la Mort de César. Napoléon, sur de sa puissance, parut s’amuser beaueoup de la surprise et de l’embarras de tous ces maitre des nations. Mais cette bizarrerie ne fut du gout ni des acteurs ni des spectateurs. Personne n’osait regarder son voisin dans la crainte de paraitre faire une application. « Jamais, disait Talma, représenta-tion ne fut plus extraordinaire. Les acteurs eux-mémes étaient génés sur la scene, nos gestes étaient rétrécis, nous n’osions nous abandonner å aucun mouvement. Mme Talma, qui était au milieu des spectateurs, partageant notre inquiétude, faillit se trouver mal au milieu de la piéce. » Le jeu était dangereux, en effet, et le poi-gnard de Staps n’étaib pas loin.
Au milieu des fétes, de sérieiix intéréts se discutaient entre les deux souverains et leurs ministres. Le 12 octobre 1808, Champagny et Eoumantzoff signérent la con-vention suivante, qui devait rester seeréte. Napoléon et le Czar renouvelaient leur alliance, s’engageaient å avoir les mémes ennemis et les mémes alliés et ä se com-muniquer les propositions diplomatiques qu’on leur ferait séparément. Ils adresseraient en commun au roi d’Angleterre une lettre publique pour l’inviter å la paix et ne traiteraient avec lui que s’il consentait å laisser å la Russie la Finlande et les princi-