WAGRAM.
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une marche de flane sous le feu de l’ennemi, en Bataillons serrés. Cela sernble au premier abord une faute, puisque les coups des Autrichiens frappaient toujours sürement dans cette masse. Mais Masséna agissait ainsi å dessein, car il n’avait pas assez de con-fiance dans la solidité de ses jeunes troupes. Le grand vide fait au centre est rempli momentanément par toute l’artillerie de la garde, commandée par Lauriston et Drouot, et composée de 100 piéces (1). Les Autrichiens soutiennent ce feu terrible avec un
Fig. 217. — Bataille de Wagram. Tableau d’Horace Vernet. Musée de Versailles.
admirable courage. Cependant Napoleon avait l’æil fixé sur les hauteurs de Neusiedel. Masséna le fait supplier d’envoyer de nonveaux secoursåla gauche toujours menacée : « La division Boudet a du battre en retraite et abandonner son artillerie. Les Autrichiens vont enlever le pont. » Napoléon ne s’émeut pas de ces nouvelles et ne semble pas faire attention ä l’inquiétude de l’aide de camp de Masséna. Bientöt il reconnait å la lueur des feux de l’artillerie que Davout est au delå du bourg de Neusiedel. Il se tourne alors vers l’aide de camp éperdu et lui dit : « Si l’artillerie de Boudet est prise, c’est qu’elle était lå pour cela. Allez dire å Masséna que la bataille est gagnée. » En effet, Davout, formant ses divisions en colonnes sur le plateau, attaquait en flane le corps de Rosenberg et le rejetait sur le centre. Une énorme colonne de trois divisions de l’armée d’Italie se forme sous le commandement de Macdonald. Ces troupes, avides
(1) Parmi les officiers qui se distinguérent dans cette manæuvre, célébre dans les annales de l’artillerie, il faut citer le lieutenant-colonel Marin Dubuard, surnommé par ses soldats « le pére La Mitraille ».