ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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590 NAPOLEON Ier. de moins en moins favorable aux études philosophiques, qui conduisaient, pensait-il, aux idées révolutionnaires, et il était bien pres de considérer comme révolutionnaire toute tentative d’opposition liberale. Un « idéologue » était toujours pour Napoléon, sinon un ennemi, du moins un homme ä surveiller. Toutefois, c’est pendant le Consulat et l’Empire que se prépara le renouvellement de la philosophie frangaise. Sous le Consulat, le vieux Saint-Lambert, l’auteur du poéme des Saisons, achéve la publicatian de son. Catéchisme universel, ou principe des mæurs chez toutes les nations (1798-1801), ouvrage qui obtient de l’Institut le grandprix de morale, quoique l’auteur y soutienne au fond des doctrines matérialistes et ne s’éléve pas au-dessus de la morale de l’intérét (1). A la fin de l’Empire, les idées n’étaient plus les mémes. Cette transformation se manifesta méme dans les cours publics faits sous le patronage du gouvernement. Labomiguiére, éléve de Gabat, faisait, å la Faculté des lettres, de 1811 å 1813, un cours auquel la facilité de la parole, la clarté et l’élégance de l’exposition donnaient un grand succes, et oü le professeur, sans rompre avec l’école officielle, s’en détache déjå par plus d’un point. Vers le méme temps, débutait, dans la chaire d’histoire de la philosophie, un ancien proscrit de fructidor, Royer-Collard. Son enseignement était toutlecontrairedecelui de Laromiguiére; ses lejons étaient lues; le style en était serré, concis, mais la forme grave et belle rappelait les écrivains du dix-septiéme siécle. Il y exposait des doctrines qui, ayant été longtemps négligées, paraissaient nouvelles. C’est en 1811, devant une cinquantaine d’auditeurs, qu’il commenga un cours qui ne devait durer que deux ans et demi, mais laisser une trace ineffagable. Royer-Collard ne dépassait guére cependant l’enseignement de l’école écossaise. La France possédait alors un philosophe autrement original et profond, Maine de Biran, proscrit de fructidor comme Royer-Collard. En 1802, l’Institut le couronnait pour son mémoire sur l’influence de l’habitude. Ce succes était remporté sous les aus-pices de l’école de Condillac. Mais il était facile d’y voir d’autres inpirations. En 1805, dans sa Décomposition de la pensée, il entre dans une voie nouvelle, et montre les lacunes du sensualisme. Cette tendance s’affirme dans son étude sur l’aperception interne immédiate, qui obtint un accessit de 1’Académie de Berlin (1807), et surtout dans ses Rapports du physique et du moral, couronnés,en 1811, par la Société Royale de Copenhague. Il y avait lå une maniére de comprendre et de traiter les sujets philosophiques que la langue frantjaise ne connaissait plus guére depuis les Nouveaux Essais sur V entendement humain de Leibnitz. Cet ouvrage est comme la contrepartie des douze mémoires que le célébre médecin Cabanis (1757-1808) avait réunissous le méme titre (2). (l)Vers le méme temps, il est vrai, Lol'is-Clacde de Saint-Martiu, le philosophe mécounu, com-plétait l’exposition de ses doctrines mystiques ou spiritualisme pur, dans son Coup d’æil philosophique sur la nature des étres (1800) et dans le Ministers de l'homme-esprit (1802), Mais ces ouvrages ne s’adres-saient qu’å, un petit nombre d’adeptes. (2) Vers le méme temps, l’abbé Emmery, qui avait obtenu du Premier Consul le rétablissement du séminaire de Saint-Sulpice, réimprimait, en 1803, son Esprit de Leibnitz, sous le titre : Pensées de Leibnitz sur la religion et la morale. Dans cet ouvrage, comme dans ses Pensées de Descartes (1811), il s’attache ä soutenir la religion par la philosophie.