606 NAPOLEON Ier.
scienti n que, peut etre considéré comme le type
Fig. 251. — La table de travail.
histoires longues et compliquées sont justement oubliées. La postérité s’est montrée moins sévére pour des æuvres plus délicates et de moins longue haleine : Valerie, de Mme de Krüdener, qui a raconté dans ce roman sa propre histoire; Eugene de Rothe-lin (1808), de Mme de Flahaut, depuis baronne de Souzä; la Rot de Suzette, de Fiévée. Nous devons réserver une place ä part å deux auteurs dont Tun, å la fois érudit et poéte, grammairien et publiciste, bibliophile et romancier, méme écrivain achevé du littérateur, tandis que l’autre ne consacra å la littérature que les loisirs que lui laissaient ses fonctions d’officier dans l’ar-mée russe (1). Nousvoulons parler de Charles Kodier et de Xavier de Maistre.
Xavier de Maistre publiait, en 1811, plus de quinze ans aprés son Voyage autour de ma chambre, une seconde nouvelle, le Lépreux de la cité d'Aoste, qui montrait son talent sous un jour nouveau. Il a suffi de ces quelques pages pour faire certainement de Xavier de
Maistre le plus lu de tous les romanciers du commencement de ce siécle.
Charles Nodier, qui débutait alors, publiait, en 1802, sa premiere nouvelle, Stella ou les Proscrits. L’année suivante, il se montrait, dans le Psintr s de Salzbourg, Journal des emotions d’un cæur souffrant, le précurseur de René.
En somme, la littérature frangaise est alors dans une période de transition. II est cependant un point ou elleatteint un éclat qu’elle n’avait jamais connu et oü aucune autre nation n’a pu lui disputer le premier rang, c’est l’éloquence militaire.
« Napoleon, dit Cormenin (2),a été le premier orateur militaire des temps modernes, comme il en a été le premier capitaine. On trouve dans ses proclamations, bulletins, ordres du jour, la vertu militaire, Fart de l’orateur et le sens profond et délié du po-litique. Ce n’est pas seulement un général qui parle, ce n’est pas un roi, ce n’est pas un homme d’État, c’est tout cela åla fois. » Napoleon de vait, dans son exil, raconter une partie de ses campagnes ainsi que celles des grands capitaines qui l’avaient pré-cédé, César, Tureune, Frédéric, et ses æuvres historiques suffiraient ä le rendre cé-lébre. Mais méme pendant qu’il est au pouvoir, il prend une place dans la littérature de son temps, et, lå encore, cette place est la premiere.
(2) Xavier de Maistre parvint jusqu’au grade de général major. Il s’est aussi distingué comme peintre de paysage et par ses recherches chimiques, notamment sur l’oxydation de l’or.
(3) Le Livre des Orateurs, publié sous le pseudonyme de Timon (12e édition, p. 255 et suivantes).