Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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G 34
NAPOLEON I«
valeur subsistent, et les chefs-d’æuvre des arts nous appartiennent désorniais par des droits plus stables et plus sacrés que ceux de la victoire. »
Il en fut autrement aprés les Cent-Jours. Le traité de 1815, en garantissant toutes nos propriétés tant publiques que privées, nous assurait la possession entiére de nos collections artistiques. Mais chaque nation voulut reprendre par un abus de la force ce qui lui avait appartenu. Le roi, invoquant ces conventions solennelles, refusa de livrer aucun des objetsd’art, dépendant alors de sa liste civile. M. de Richelieu fit entendre les protestations les plus fermes. Ledirecteur du Musée, Denon, menacé d’étre envoyé dans une forteresse prussienne, n’en résista pas moins avec une indomptable énergie, faisant constater par les commissaires étrangers eux-mémes, å chaque page du proces-verbal, qu’il ne cédait qu’å la violence. Parmi ces commissaires, se trouvait le sculpteur Canova. Mécontent de la maniére dont Denon lui parlait, il lui disait : « On. ne traite pas ainsi un. ambassadeur. — Ambassadeur, allons done! vous voulez dire emballeur, sans doute (1)! » La négligence qui présida ä l’enlévement de ces æuvres si précieuses montra que ceux qui les revendiquaient n’étaient pas totijours cligues de les recon-quérir. Croirait-on, par exemple, que les volets da tableau de F Agnew de V an Eyck, l’æuvre monumentale de la premiere école flaman.de, purent disparaitre avant de revenir ii G-and, ct furent plus tard vendus au musée de Berlin oit ils sont aujourd’hui!
Tout ne nous fut pas enlevé cependant; la liste serait encore longue des accroisse-ments que nos collections actuelles doivent å la période de la Revolution et de 1 Empire. Quelques toiles furent protégées par leur éloignement, telles que le Mariage de la Vierge du Pérugin, ä Caen, et les deux plafonds du palais ducal de Venise, æuvres de Paul Véronése, qui se trouvaient alors å Versailles et qui sont aujourd’hui au Louvre. Les Notes de Cana nous furent laissées, å cause des clifficultés du transport, en échange d’une peinture de Lebrun representant le Repas chez Simon le Pharisien, de teile sorte qu’apres Venise, c’est å Paris qu’on peut le mieux juger eet iueompa-rable coloriste. Le tableau du Pérugin, qui se trouvait å Lyon, fut donné ä son musée par le pape Pie VII, lorsqu’il quitta la France, en 1814, en reconnaissance de l’accueil qu’il avait regn dans la ville. La Femme hy dr opique de Gérard Dow, de la ga-lerie de Turin, donnée å l’adjudant général (depuis maréchal) Clausel par le roi de Sardaigne,en reconnaissance de la délicatesse et de la loyauté qu’il avait montrées dans ses rapports avec lui, fut donné par lui ä la nation. Nous conservions aussi soixante-huit tableaux de l’ancienne collection du Stathouder, quelques Guercliin enlevés aux éirlisesde Cento, le Christ entre les Larrons, et la Vierge dela Victoire, de Mantegna,etc.
Peinture. — Les écoles; les expositions; les prix décesnaux; les prin-cipaux artistes. — Les artistes franjais étaient dignes d’avoir de pareils modéles, et il est peu d’époques dans l’liistoire de l’art oii Fon ait å citer un plus grand nombre d’hommes de talent. Les peintres de l’ancienne école, les deux Lagrenée, Francois (1724-1805) (2) et sonfrére Jean-Jaoques (1740-1827), Fragonard (1732-1806),
(1) Il est intéressant de comparer la Messénienne de C. Delavigne sur la spoliation du Musée avec VÉpitre ä Vien, de Ducis.
(2) Lagrenée, qu’on a appelé 1’Albane fransais, fut Chevalier de la Légion d’honneur en 1801.