NAPOLEON Ier.
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vaste plan que Carnot proposait : trois armées inarcheraient sur Vienne par trois routes différentes. L’armée de Sambre-et-Meuse, reformée, devait pénétrer en Allemagne par la vallée du Mein, puis entrer dans la vallée du Naab et se réunir, vers Ratisbonne, å l’armée du Rhin, qui, franchissant le val d’Enfer, devait opérer dans le bassin supérieur du Danube. La troisiéme armée agirait d’une maniére plus indépendante : c’était l’armée d’Italie, qui n’était encore que dans le littoral de Genes. Si des succés décisifs la rendaient maitresse de la vallée du P6, elle devait rejoindre les deux premieres en franchissant les Alpes rhétiques ou les Alpes carniques.
Trois jeunes généraux furent désignés pour ces divers commande-ments. Jourdan, né en 1762, devait commander l’armée de Sambre-et-Meuse, Moreau, né en 1763, l’armée du Rhin; le plus jeune, Bonaparte, l’armée d’Italie. — Les deux premiers étaient déjå éprouvés, illustres meme, et leur choix ne pouvait soulever d’objection ni dans le public ni dans le gouvernement. Il n’en était pas de meine de la nomination de Bonaparte. Les hautes capacités militaires dont il avait fait preuve å Toulon et å Saorgio ne Favaient fait guére estimer que de ses compagnons (Tarmes et n’avaient pas eu grand retentissement. Il n’avait jamais commandé en chef. Sa jeunesse était aussi une cause sérieuse de défiance, et, meine parmi les officiers de l’entourage des Directeurs, il ne manquait pas de gens entendus pour faire remar-quer qu’il appartenait å une arme spéciale, l’artillerie, et que ses services antérieurs le rendaient peu propre å la direction générale d’une armée. Mais Carnot, la plus grande autorité militaire du temps, et qui était lui-méme un officier du génie, avait su apprécier la portée des plans qu’il lui avait soiimis : il le soutint avec une fenneté et une conviction qui n’est pas un de ses moindres titres d’honneur et n’hésita pas å lui confier l’armée qui se trouvait dans la situation ]a plus dif-ficile.
On avait pu croire un instant qu’il était inutile d’y envoyer un nouveau général. Le 25 novembre 1795, Schérer remportait la grande victoire de Loano, due surtout å ses lieutenants, Sérurier et Masséna. « Il faut étre juste, avait dit Bonaparte, dont eet événement semblait dé-