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NAPOLEON I".
des plus ingénieuses machines qui soient jamais sorties de la main des hommes. Malgré l’opposition desouvriers, qui brisérent ses métiers et meine menacérent sa vie, Jacquard put en quelques années voir son invention do miner presque exclusivement å Lyon et, å partir de 1812, se répandre dans toute l’Europe.
Ainsi, il y avait en Europe et surtout en France un grand mouve-ment industriel. Les maitres de forges eux-memes avaient lieu d’étre contents de leurs affaires et, chose plus rare, ils le reconnaissaient.
Cependant l’industrie frangaise, malgré tous ses efforts, ne put jamais acclimater sur son sol tous les produits dont elle avait besoin; si elle en acclimata quelques-tins, ce ne furent toujours que des essais fort coüteux, au moins å l’origine; les autres malieres premieres su-birent une grande augmentation å cause du blocus, et cette cherté finit par ruiner nos manufactures.
« Ce n’est pas, disait Chaptal en 1800, en prohibant l’entrée des produits étran-gers qu’on donnera, ainsi qu’on l’a cru assez généralement, de l’avantage å nos fabriques nationales. Cette prohibition entraine avec elle trois inconvénients majeurs :
« Le premier, de frustrer l’État d’un revenu de douane;
« Le second, de presenter un appåt ä la contrebande;
« Le troisiéme, de ne plus offrir de stimulant å l’émulation de nos fabricants. »
Quels étaient les résultats du blocus pour la Grande-Bretagne? — Sans doute son conimerce était entravé, les produits qu’elle allait cher-cher dans ses colonies s’accumulaient dans ses entrepöts, et elle offrait le singulier spectacle de la misfere au milieu de l’abondance. « L An-gleterre, comme on l’a dit, avait encore plus besoin de vendre que le continent d’acheter; » aussi traversa-t-elle une crise terrible, toutes ses valeurs furent dépréciées, le change anglais perdit 30^. Ces résultats sont ceux qui frappaient les yeux; il y ena d’autres qui étaient moins apparents, mais qui n’en avaient pas moins d’importance.
Tout d’abord ]e blocus Continental ne détruisit pas le commerce anglais, il lui fit seulement traverser une périocle difficile.
L’industrie n’avait pas souffert autant qu’on pourrait le croire, car l’Angleterre, maitresse de la mer, fournissait aux prix les plus bas les matiéres premiéres A, ses nianufacturiers, qui gagnaient parlace