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NAPOLEON I".
cédés å la Ser bie, å la Moldavie et å la Valaclne. 11 était temps : lå Campagne de Russie était commencée, l’amiral Tchitchagof put ra-mener contre Napoléon ses troupes rendues disponibles par la paix.
L’alliance de la Turquie était perdue ; Napoléon s’aliénait en méme temps la Suéde. A la suite de démélés entre les Suédois et les corsai-res franfais, il fit occuper la Poméranie. Alors Bernadotte qui, quoiqu’il ne fut pas encore roi (1), n’en dirigeait pas moins le gouvernement, écrivit, le 27 janvier 1812, å Napoléon une lettre, ou, au milieu d’un noble langage, on sent percer l’envie, l’ambition et la résolution de tenir peu de compte de sa qualité de Frangais. Dés le 24 mårs 1812 Bernadotte concluait un traité cl’alliance avec la Russie, qui promettait la Norvége ; et, lorsque la guerre eut éclaté entre le Czar et Napoléon, il n’hésita pas, par le traité d’CErebro, a faire entrer la Suéde dans une alliance militaire avec la Grande-Bretagne et la Russie (18 juillet (2). M. Geffroy a montré (3) que c’est malgré la nation suédoise, en opposition avec ses væux hautement exprimés, et å peu prés å son insu, que le Frangais Bernadotte a tourné ses armes contre la France. Napoléon allait done marcher contre la Russie, privé des deux appuis qui auraient pu assurer ses ailes.
Napoléon conduisait contre la Russie non seulement la France et les pays annexés, mais encore les contingents de la Confédération. du Rhin, de la Saxe, de la Baviére, du Wurtemberg, du grand-duché de Bade, de la Suisse, qui avait renou-velé avec nous ses anciens trattes. La Prusse nous donnait 20.000 bommes et l’Au-triche, une armée commandée par Schwartzenberg; 60.000 Polonais pleins d’enthou-siasme étaient disséminés dans l’armée frangaise.
Cependant Napoléon liésitait. La Prusse, 1’Antriebe méme étaient des alliées peu sures, et un premier échec pouvait tourner tous nos amis forces contre nous. Napoléon comprenait aussi combien il était imprudent d’attaquer la Russie quand l’Espagne occupait encore tant de soldats franjais. Il était soucieux et agité, rassemblait les différents états de situation de chaque puissance de l’Europe. Il en fait composer un résumé exact et complet, le lit et le relit et finit par s’écrier : « Non, sans doute, rien n’est assez établi autour de moi, méme chez moi, pour une guerre aussi loin-taine. Il faut la retarder de trois ans. » Napoléon interroge les voyageurs qui arri-
(1) Charles XIII ne mourut qu’en 1818.
(2) Deux jours aprés (20 juillet), le Czar signait å Wiliki-Luki un traité officiel d’alliauce avec la junte de Cadix et les insurgés d’Espagne.
(3) Revue des Deux-Mondes du l"1 2 3' novembre 1855.