702
NAPOLEON I«
L’empereur d’Autriche, les souverains de la Confédération du Rhin accourent å Dresde. Napoléon espérait par cette assemblée prouver que la guerre de Russie était européenne; eile contrasterait, pensait-il, avec l’isolement d’Alexandre, qui serait peut-étre effrayé cle son abandon. Tous ces princes l’entouraient comme des vassaux perdus dans les rangs de l’état-major frangais.
Napoléon envoya Narbonne auprés du Czar pour faire une derniére tentative et l’inviter å> venir ä Dresde. Narbonne trouva « les Russes sans abattement et sans jac-tance. De tout ce que leur empereur lui avait répondu, il résultait qu’on préférait la guerre å une paix honteuse, qu’on se garderait bien de s’exposer å une bataille contre un adversaire trop redoutable; qu’enfin on saurait se résoudre å tous les sacrifices pour trainer la guerre en longueur et rebuter Napoléon ». Alexandre lui avait dit : « Je ne me fais point d’illusions, je sais combien l’empereur Napoléon est un grand gé-néral, mais j’ai pour moi l’espace et le temps. Il n’est pas de coin reculé de ce terri-toire host ile pour vous oü je ne me retire, pas de poste lointain que je ne défende avant de consentir å une paix honteuse. Je n’attaque pas, mais je ne poserai pas les armes tant qu’il y aura un soldat étranger en Russie. » NapOléon répondit a Nar-bonne : « Il faudra voir si cette Constance tiendra contre l’épreuve des événements; trompé par les conseils de l’Angleterre, on veut la guerre, je la ferai. »
Au mois de juin, l’armée qui allait envahir la Russie comptait, en y comprenant 60.000 malades et 150.000 bommes restés en arriére, environ 680.000 soldats, dont 355.000 Frangais et 325.000 étrangers. Avec les réserves ce nombre s’élevait a plus d’un million.
A l’extréme droite, le prince Schwartzenberg avait 34.000 Autrichiens; ä sa gauche, le roi de Westphalie, avec 79.200 Westphaliens, Saxons et Polonais, marchait de Varsovie ä Grodno. Le vice-roi d’Italie réunissait vers Marienpol et Pilony 79.500 Bavarois, Italiens et Frangais. L’Empereur était au centre avec 220.000 hommes, commandés par le roi de Naples, le prince d’Eckmiihl, les dues de Dantzick, d’Istrie, de Eeggio et d’Elchingen, qui, venus de Thorn, Marienbourg et Elbing, se réunirent en une seule masse le 23 juin pres de Kowno. A gauche enfin, devant Tilsit, Macdonald et York avec 32.500 Prussiens, Bavarois et Polonais. L’armée comptait 1.372 canons, 6 équipages de pont, un équipage de siege. Les Russes étaient disposés parallélement aux Frangais, formant un demi-cercle concave de notre coté.
Au centre, étaient Alexandre et le général Barclay de Tolly avec C0.000 hommes; å leur droite, Wittgenstein avec 26.000 hommes; a gauche, au sud, Bagration avec 65.000 occupait Wolkowisk. Tor-