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NAPOLEON Ier.
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quatre louis å chaque général, ce qui parut un acte des plus généreux quoiqu’il fut indispensable. On dut meine donner un louis de plus å Masséna, sans cela le papier aurait manqué a son état-major pour transmettre les ordres.
Cette proclamation ne fit pas tout cl’abord grand effet, ces belles promesses n’avaient pas assez d’autorité dans la bouche du jeune général. Mais il annongait qu’on allait reprendre (offensive, et, quels que fussent tes sentiments de chacun, « nous nous préparåmes, dit le général Pelleport, alors sous-lieutenant å la 28“ demi-brigade, nous nous préparåmes å combattre pour la gloire de la France et l’lionneur de nos armes )).
L’armée austro-piémontaise, å laquelle l’armée frangaise allait avoir affaire, était une des meilleures que l’on eüt vues dcpuis ces longues guerres; elle était bien nourrie, bien vétue, bien disciplinée ; elle était commandée par un vétéran de la guerre de Sept ans, un ancien aide de camp de Daun, l’adversaire souvent heureux du grand Frédéric. Beaulieu joignait å la prudence ordinaire des généraux autricliiens une énergie et une vigueur qu’on n’aurait pas attendues de son grand age : il avait soixante-douze ans. La droite de l’armée alliée était formée des Piémontais, au nombre de vingt-cinq mille hommes, sous Colli, et s’étendait de la Stura supérieure å la Bromida, par Céva. Le centre, quinze mille Autrichiens, sous d’Argenteau, occupait les sources de la Bromida, et la gauche, vingt-cinq mille hommes, sous Beaulieu lui-méme, se trouvait au nord du col de la Bochetta.
Bonaparte avait résolu de passer au delå des Alpes, vers le point oii elles se rejoignent å l’Apennin, et de séparer les Autricliiens des Piémontais. La divergence de vues de Colli et de Beaulieu, dont l’un voulait couvrir le Piémont et l’autre maintenir avant tout ses Communications avec Genes et la flotte anglaise, devait facilitet ses pro-jets. Mais la rapidité et l’étendue du succés cle Bonaparte, la précision de ses manæuvres dépassérent toute prévision. II avait divisé son armée en. quatre corps. Sérurier, å Garessio, un des rares points que nous possédions au delå des Alpes, cloit occuper les Piémontais. Laharpe doit se diriger sur Voltri comme s’il menagait Genes, Bonaparte