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NAPOL-ÉON I".
pas pour dégager le vainqueur d Auerstaedt. Il se mit <i la tete de la garde, réduite å 10.000 hommes, et put y réussir. Mais, apprenant que les Russes qui l’environnaient de tous les autres cotés allaient nous fermer la route du nord en se dirigeant sur Liady, Napoléon, plein de douleur, se décide a quitter Krasnoe sans attendre le héros d’El-cliingen et de la Moskova.
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Il prend la route d’Orcha; mais on marchait avec hésitation. Les trainards pri-rent les devants. « Tous dépassérent Napoléon, dit Ségur; ils le virent å pied, un båton å, la main, s’avanQant péniblement, avec répugnance, s’arrétant ä chaque quart d’heure », comme s’il ne pouvait se resigner å abandonner son malheureux compa-gnon (Tarmes. A Orcha, ou l’on arriva le 21 novembre, l’on put se compter; Davout n’avait plus que 4.000 hommes restés de 70.000; Eugene, 1.800 restés de 42.000. La garde n’était plus que de 6.000 hommes au lieu de 35.000, mais ils ne s’étaient ja-mais débandés. « Dans la garde, dit Coignet, on ne quittait le fusil et le sac qu’avec la vie. » Les Russes avaient aussi beaueoup souffert, et l’armée de Kutusof était réduite de 100.000 å 50.000 hommes.
Cependant, le 17 novembre, Ney était sorti de Smolensk avec 12 canons, 6.000 hommes armés, 300 clievaux et 7.000 trainards.
A Katova, le 18, Ney avait trouvédevant lui, sur un plateau qui barrait la route, 80.000 Russes avec 20 canons. Sommé de se rendre, il les attaque deux fois, et, repoussé, reste immobile jusqu’å la tombée de la nuit. Alors il commande de marcher sur Smolensk, de tourner le dos å la France! Bientot, en fouillant les ravins, il découvre, sous la neige, le lit d’un. ruisseau; on le descend. En passant dans un village, Ney allume des feux pour trompet les Russes, continue sa route jusqu’au Dniéper et attend trois heures qu on soit rallié; il faut abandonner canons et bagages. Le fleuve n’est gelé qu’åla surface et sur un seul point; la glace fond déjii, craque, parfois senfonce. On passe un ä un, en sautant par-dessus les crevasses; quelques voitures de blessés veulent passer, elles s’a-btment dans le fleuve. Enfin, le 19 au matin, le Dniéper est franchi; on s’avance dans les forets au milieu des Cosaques, qui fuient aux premiers coups de fusil.
Dans la nuit du 20 au 21, Ney rejoint l’Empereur. « J’aurais donné 300 millions de mon trésor pour racheter la perte d’un tel homme, » s’écrie Napoléon en apprenant son arrivée.
Il fallait passer la Bérézina au plus vite. L’Empereur, comptant la franchir sur les ponts de Borizof, avait brulé å Orcha tous ses équi-pages de pont, malgré les représentations du général Éblé, dont les