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NAPOLEON I«
son stoicisme å supporter ses propres souffrances et son infatigable humanité pour soulager celle des autres, montra dans les höpitaux de Kænigsberg le dévouement qui lui était habituel et faillit périr de la contagion qui régnait. Moins lieureux, le général Lariboi-siére, commandant général de l’artillerie, qui, par ses vertus, méritait de lui étre comparé, succomba au fléau. Il était inconsolable depuis la mort de son jeune fils, brillant officiel tué å la Moskova ; la douleur paternelle et le chagrin du patriote hatcrent sa mort. Il eut pour suc-cesseur le général Eblé, qui succomba lui-ménae quelques jours aprés. Des cent pontonniers qui, å sa voix, s’étaient plongés dans la Bé-rézina, il en restait douze.
La Grande Armée n’existait plus, et la puissance de Napoleon avait regu un choc dont elle ne devait pas se relever. Cependant l’imagi-nation des Slaves se passionna pour celui qui leur avait causé tant de maux. Ils y ont vu plus ou moins vaguement le représentant du principe de l’égalité et de la démocratie. Parmi les sectes religieuses de la Russie, il s’en formå une qui se plaga sous l’invocation de Napo-léon, dans lequel ses adeptes voient une incarnation du Christ. Us refu-saient de croire å la mort de Napoléon, qui se caclie, disaient-ils, quelque part en Sibérie, aux environs d’Irkoutsk, et qui réviendra reconquérir le monde. Lorsque Alexandre II accomplit l’affrancliisse-ment des serfs, il y eut des Russes qui pensérent et qui dirent que le mérite de cette grande mesure devait etre attribué å Napoléon. Napoléon, en 1812, avait envalii la Moscovie pour contraindre le Czar å donner la liberté aux serfs, et ne se retira qu’aprés avoir obtenu la promesse de eet affranchissement. Cette promesse tardant å s’accom-plir, Napoléon revint en 1855, et obligea le Czar å exécuter le pacte (1J.
(1). Voir les ouvragea cités par Rapetti dans la Biographie générale. On comprend mieux que le nom de Napoléon soit resté populaire en Pologne : voir l’Église et le Messie, d’Adam Mickiewicz.