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NAPOLEON l°r.
York et Massenbacli lui écrivirent pour expliquer leur conduite. Massenbach s’excusait d’étre parti furtivement, ajoutant « qu’il avait voulu s’épargner uue situation trop pénible pour son cæur. Il avait craint que les sentiments de respect et d’estime qu’il -conserverait jusqu’å la fin de ses jours pour Macdonakl ne l’eussent empéché de faire son devoir. » Macdonald n’en était pas moins obligé d abandonner la ligne du Niémen et de précipiter sa marche vers la Vis-tule. La Prusse orientale, soulevée par la défection d’York et par une proclamation d’Alexandre, n’était pas un refuge sur pour les débris de la Grande Armée. Murat évacua å la håte les places de la Passarge et de la Prégel et se porta sur la Vistule. Les Anglais s’emparérent de Pillau et péné trerent dans le Frische-Haff.
Murat, fort inquiet de son royaume de Naples, craignant que Na-poléon ne le sacrifiåt, et se méfiant méme de la reine Caroline, aban-donna 1’armée a Posen, regrettant tout haut de n’avoir pas accueilli les ouvertures que lui avaient faites les Anglais.
Il laissa le commandement au prince Eugéne, qui s’était fait beau-coup d’honneur dans la Campagne de Russie, y avait déployé une rare bravoure, quelques connaissances 'inilitaires et de véritables vertus. Enfin il était prince, ce qui était å considérer dans ce régime devenu en pen de temps aussi monarchique que celui de Louis XIV.
On ne savait encore ce que feraient les Russes. On pouvait se demander si, satisfaits d’avoir repoussé l’invasion, ils n’iraient pas au delå du bassin de la Vistule. Il y avait dans l’état-major d’Alexandre des généraux qui lui donnaient ce conseil. Ils insistaient pour que le Ozar proposåt la paix en demandant la cession des provinces orientales de la Prusse et de la Pologne. Le chancelier Romant-zoff ct surtout le vieux maréchal Kutusof défendaient ce parti avec chaleur. Il fallait, disaient-ils, prendre la Vistule pour frontiére et ne pas tenter la fortune au delå de ce fleuve. II fallait compter avec le génie de Napoléon, avec la puissance de concentration. de la France et avec la rapidité des levées, qui s’y faisaient sur un espacc bien plus restreint qu’en Russie. De nouveaux conscrits ne tarderaient pas å remplir les cadres épuisés par li retraite. En. quelques mois ils seraient instruks, équipés et amenés peut-étre par de nouveaux succes sur la Vistule et le Niémen, tandis que les Kusses, s’éloignant de plus en plus de leur pays déja si vaste, ne pourraient qu’avec peine faire venir dans le méme temps des renforts et des munitions. Malgré ces guerres continuelles, les finarices franjaises étaient