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NAPOLEON Ier.
néral de la coalition, avant que Blücher, qu’il croyait encore bienloin, eüt pu venir å son secours. II mettrait ensuite Blücher lui-méme en cléroute avant l’arrivée de Bernadotte et de l’armée du Nord et profiterait de ces victoires pour imposer ses conditions aux alliés.
C’est autour de cette ville ou avaient dejå eu lieu plus d’une cé-lébre rencontre que devait se livrer « la bataille des nations ».
En deux Jours toute l’armée fran§aise, réduite å 140.000 fantassins et å 20.000 ca-valiers, y fut réunie (15 octobre). Elle s’y adossa ä toutes les portes pour fermer toutes les routes de l’Elbe. Napoleon dirigea Bertrand, avec 15.000 bommes, sur Lindenau pour rouvrir la route de Lutzen; il posa Ney sur la Partha avec 45.000 hommes, pour contenir Blucher qui arrivait par Halle, et Bernadotte qui revenait å Zerbig; lui-méme, avec 100.000 hommes, espérait battre les 130.000 de Schvartzenberg : sa droite s’appuyait sur la Pleiss, son centre était dans le ravin de Wachau, sa gauche était sur la route de Colditz.
Schvartzenberg, voulant empécher la concentration des forces frangaises et donner le temps å Blucher et ä Bernadotte d’arriver, se décida å attaquer, quoiqu’il eüt encore en arriére 50.000 hommes sous Benningsen et Colloredo. Trois énormes colonnes se portérent contre les positions des Fran§ais, qui furent perdues et reprises jusqu’å six fois (16 octobre); l’ennemi fat définitivenient chassé avec de grandes pertes, mais la victoire était restée indécise. En méme temps Ney était attaqué par Blucher : il fut rejeté sur la Partha avec perte de 2.000 hommes. Bertrand occupa Lindenau et battit Giulay.
« Napoléon se décida å une nouvelle bataille. C’était une grande faute : l’ennemi allait se renforcer de plus de 100.000 hommes, et nous n’attendions d’autre ren-fort quo 12.000 Saxons. L’Empereur replia ses postes et sé concentra entre Connewitz et Schoenfeld, le centre ä Probstheyda; mais il eut le soin de préparer la retraite en ordonnant de construire des ponts sur l’Elster, ordre que Berthier n’exécuta pas et qui fut la cause d’un grand désastre. L’ennemi n’attaqua pas ce jour-lå : Bernadotte et Benningsen n’arrivérent quele lendemain. Alors les alliés s’avancérent de toutes parts, au nombre de 300.000 hommes avec 50.000 chevaux et 1.200 canons, enfermant dans un demi-cercle de trois ä quatre lieues de développement les 140.000 Fran-gais adossés ä Leipzig. La bataille fut effroyable (18 octobre). Les alliés donnaient par masses, et livraient aux colonnes frangaises de véritables assauts oii ils fai-saient d’énormes pertes; mais ils remplagaient sans cesse leurs troupes épuisées par des troupes fraiches; ils jouaient uniquement å tuer les hommes, dussent-ils en sa-crifier le double, certains d’avoir toujours la supériorité du nombre. Au centre et å la droite, les Frangais, qui, au dire méme des ennemis, n’avaient j amais montré plus de bravoure, conservérent leurs positions; mais å la gauche une terrible tra-hison leur fib perdre un moment le terrain : la, 40.000 hommes étaient battus en breche par 100.000 hommes et 300 canons que dirigeait Bernadotte, quand