LA BATAILLE DES NATIONS.
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les 12.000 Saxons qui formaient le tiers de cette gauche coururent au-devant des Russes, entrérent dans leurs rangs, et, ä la priére de Bernadotte, décliargérent toute leur artillerie ä bout portant sur les compagnons qu’ils venaient de quitter. Napo-léon accourut sur ce point aveo sa garde, et lå, comme ailleurs les positions furent conservées. La nuit fit cesser le carnage : 60.000 homilies jonchaient le champ de bataille. » (Lavallée.)
Cependant il fallait songer å la retraite. Nous n’avions plus de munitions. Nous avionsdéjå failli en manquer des le 15, le grand pare d’artillerie laissé momentane-
Fig. 330. — Mort de Poniatowski au passage de l’Elster. Peint par H. Vernet.
ment sans ordres avait failli tomber aux mains de l’ennemi. Il avait été sauvé par le général Neigre; mais un équipage de ponts fut oublié etobligé de se refugier ii Torgau, alors qu’a Leipzig il aurait pu nous éviter un désastre.
Ces fautes doivent étre attribuées moins å, Napoléon qu’au désordre de son état-major, image de celui de l’armée. Sans doute on ne retrouvait plus dans Napoléon toute sa merveilleuse prévoyance, et il semontrait moins attentif au detail. Or c est au moment ou Napoléon aurait eu besoin de remettre a ses lieutenants uue part de son fardeau, qu’il les trouvait encore plus fatigués que lui. Les officiers se renvoyaient les ordres et la responsabilité. L’esprit de Berthier, en général si net, s affaiblissait de la maniére la plus sensible et semblait parfois tomber dans une sorte d égarement (1). Cependant, des la nuit du 18, les bagages commencérent å, s’éloigner par la route dc
(1) Voir la curieuse aneedote racontée par Ségur, Mémoires, t. VI, p. 160.