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NAPOLEON Ier.
leur humiliation? Plutöt la mort que le déshonneur. » (8 février.)
Les fautes des généraux alliés ne tardcrent pas å l’encourager dans ces résolutions. Apres la bataille de la Rothiére, les armées de Boheme et de Silésie s’étaient séparées d’elles-mémes pour pouvoir vivre, et marchaient sur Paris, la premiere par la vallée de la Seine et de l’Yonne, la seconde en suivant le cours de l’Aube et cle la Marne. Mais Blücher, qui bridait d’entrer le premier a Paris, avait envoyé en avant les corps d’Olsouwieff et de Sacken. Macdonald, chassé de Chålons, s’était replié sur Epernay et, toujours pressé par Blucher, avait passé la Marne a Cliåteau-Thierry, fait sauter le pont de cette ville et rétrogradé sur Meaux. Sacken, qui avait regu Fordre de lui eouper la retraite, marchait en ce moment, par Vertus et Montmirail, sur la Ferté-sous-Jouarre. Il était complétement isolé. En apprenant cette nouvelle, Napoléon part de Nogent avec 15.000 liommes, en laisse 2.000 å Victor et å Oudinot pour contenir Schwartzenberg, et, å marches forcées, se dirige sur la Marne par Villenauxe et Sézanne. A Champaubert, il rencontre une colonne russe de 7.000 liommes et 24 canons, qui devait garder les Communications de Sacken, alors en matche vers la Ferté-sous-Jouarre, avec le reste de l’armée de Silésie échelonnée de Vertus å Chålons. C’était la divison d’Olsou-vieff. Les troupes frangaises se composaient en grande partie de recrues qui n’avaient pas trois mois de service.
« Leur uniforme entier, rapporte le général de Ségur, qui fut un des héros de cette Campagne, ne consistait qu’en une capote grise et un bonnet de police d’une forme féminine, d’oü vient que l’on appela ces pauvres enfants les Marie-Louise. Ils étaient å peine commandés et enoadrés. Quand le maréchal Marmont parcourut leur ligne, voyant la plupart des pelotons sans officiers, il demanda å l’un d’eux ou done était son lieutenant. « Notre lieutenant ? répondit une voix gréle, mais nous n’en avons « jamais eu! — Et le sergent ? reprit le maréchal. — Pas davantage, repartit la meine « voix; mais c’est égal, ne craignez rien, nous sommes tous lå. » Comme alors il leur montrait l’ennemi, en leur recommandant de bien ajuster, l’un d’eux ajouta qu’il tirerait bien, mais qu’il n’était pas sur de pouvoir recharger son arme. »
Tel fut cependant l’élan de ces jeunes soldats, que le bois dont Olsouvieff s’était couvert fut empörte en quatre lieures. La colonne est enveloppée, ce qui n’est pas tué tombe en nos mains, ainsi que