ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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78G NAPOLEON I". fants, coupant les doigts pour avoir plus facilement les bagues, employant la torture pour se faire indiquer les cachettes qui renfermaient de l’argent et des objets précieux, puis, lorsqu’il n’y avait plus rien å prendre, mettant le feu au village ou au quartier, en ayant soin d’emporter ou de détruire les pompes. Les Prussiens, sans aller aussi loin que les Cosaques, prirent part ä ces pillages et, ä ces violences, parfois méme å ces scenes sanglantes. A Sens, le pillage dura neuf jours et, en quittant la malheureuse ville, le prince héritier de Wurtemberg, « beau comme un jeune dieu », réquisition-nait, par une ironie cruelle, quatre vingt-quatre paires de gants blancs (1). « Un soir, raconte le général de Ségur, du c0té de Chåteau-Thierry, å Cresancy, l’un de mes escadrons que commandait d’Andlau, attiré par les cris de ce village, y était entré å toutes brides ; le maire, accroché et étranglé å l’une des colonnes de son lit; ä ses pieds, et sur un matelas jeté par terre, sa jeune femme sans connaissance; sous le berceau de F enfant, un fagot déjå embrasé, voila le spectacle qui frappa nos yeux! En méme temps, et dans le verger voisin, de sales Cosaques, ivres et hurlant leurs chants sauvages, dansaient en forgant, å coups de knout, les maris, les sceurs de leurs victimes et le ménétrier du village ä partager leur orgie! Ces misérables, å notre aspect imprévu, s’élancérent sur leurs chevaux, mais si effarés, qu’ils fouet-taient et talonnaient leur monture, sans s’apercevoir que, attachées encore aux arbres du verger, elles ne pouvaient leur obéir. Ceux-lå expiérent leur crime sans merci, et, cette fois du moins, une prompte et juste vengeance put adoucir le désespoir de nos malheureux compatriotes. » Ces effroyables exces coutérent eher å l’ennemi. La guérilla commence ä s’organiser en. France comme en Espagne. Les coalisés doivent bientöt faire accompagner leurs convois par des escortes considérables, et proteger leurs courriers par des troupes de cent cavaliers. Les trainards, les soldats isolés étaient tués en. grand nombre. Les femmes elles-mémes prenaient part ä ces vengeances. Pendant longtemps les habi-tants du departement de l’Aisne ne voulurent plus boire de l’eau de leurs puits, tant ils savaient qu’on y avait jeté de cadavres. Un paysan de Vailly, d’une force égale å son courage, ne s’attaquait j amais qu’å trois bommes ä la fois; il s’offrait pour les guider et les tuait en route. Des compagnies franches se formérent dans la Bourgogne, la Champagne, la Brie, le Dauphiné, le Nivernais. Le eure de Pers, pres Montargis, s’était fait chef de partisans et défendait son village avec ses paroissiens. Ordinairement å cheval å la tete de ses bommes pour les diriger dans leurs petites expéditions, il mettait pied il terre au moment du combat. Quatre cents soldats frangais, prisonniers du corps d’Oudinot, furent délivrés sur la route de Chaumont å Langres. A Huningue, le comte de Marinier, qui n’avait cependant jamais servi, formået équipa å ses frais une légion de gardes nationaux mobiles, avec lesquels il défendit héroiquement la ville pendant cinq mois entiers. Mais ces efforts, si utiles qu’ils fussent å la France, ne diminuaient. pas les souffrances des pays envahis. (1) Ce détail et la plupart des faits qui suivent sont emprantés å l’article publié par M. Henri Houssaye dans la Revue des Deux-Mondes du 15 octobre 1887.