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NAPOLEON Ior.
en avant de la ville, s’y fit battre (20 mårs), l’évacua, et au lieu cle se diriger vers la Marne oü ses 25.000 hommes auraient été si utiles, il les éparpilla le long du Rhone, cle Valence å Pont-Saint-Esprit. Depuis plusieurs semaines, il était en négociations secrétes avec les alliés. Cette trahison ne fut pas la seule.
Lc comte d’Artois avait pénétré en Franche-Comté ä la suite des alliés. M. de Vitrolles était entré en relation, ä Paris, avec Talleyrand, avec Dalberg (1), avec les adversaires les plus influents du regime impérial et les plus aptes aux intrigues dans lesquelles lui-méme était passé maitre. Il était venu presser les souverains alliés de se déolarer pour les Bourbons. Quoique l’intérét des Bourbons füt alors le moindre de leurs soucis, los chefs de la coalition n en rcclicrch;iiciit pas moins avcc une vive cu-riosité tous les renseignements qui pouvaient les éclairer sur la situation morale de la capitale. Un traitre était venu leur dire que Paris détestait, plus qu’eux, son tyran. Un second émissaire, rapporte le général cle Ségur, avait apporté, dans un båton creux, å l’empereur de Russie ce peu de mots : « Vous pouvez tout, et vons n’osez lien! Osez done enfin! » Cet émissaire ajoutait que les alliés n’avaient qu’å paraitre, que tout était prét. Mais le patriotisme de nos provinces de l’Est contredisait cette assertion, et les chefs alliés ne savaient å quoi se résoudre, quand, dans la nuit du 23 au 24 mårs, deux lettres interceptées, l’une de Marie-Louise, l’autre du ministre de la police, Savary, ä Napoleon, ne leur confirmérent que trop les avis de la trahison.
C’est alors que Schwartzenberg, l’empereur Alexandre et le roi de Prusse, décidérent que l’armée cle Boheme et l’armée de Silésie se réu-niraient pour marcher ensemble sur Paris (2). Les deux armées opérbrent leur jonetion å Sommepuis, et le général Wintzingerode fut seul détaché avec 10.000 hommes de cavalerie et quelques régiments d’infanterie, pour surveiller Napoléon et lui faire croire qu’il avait attiré å sa suite la masse des armées cle ]a coalition.
C’est ainsi que la trahison flt mépriser aux étrangers le danger qu’ils pouvaient courir en laissant Napoléon couper leurs Communications. « Si elle ne fut venne å leur secours, dit un écrivain anglais, Robert Wilson, les alliés se trouvaient dans un cercle vicieux d’oü il leur était impossible de se tirer : elle fut consommée au moment oü les succes de Napoléon semblaient hors du pouvoir de la fortune, et le mouvement de Saint-Dizier, qui devait lui assurer l’Empire, lui fit perdre la couronne. »
Au moment oü ils se disposaient å marcher sur Paris, les coalisés publiérent å
(1) Neveu du primat de Germanie.
(2) On engagea Metternich et l’empereur Franjois, qui avaient toxijours désiré traiter avec Napoléon. å se retirer vers Dijon, alléguant qu’il n’était pas convenable que l’empereur d’Autriche assistät å la déchéance de sa fille et de son gendre.