MAKCHE DE ALLIÉS SÜR PARIS. — LA FÉRE-CHAMPENOISE. 799
Vitry une déclaration. pour rassurer les populations. Ils y exposaient leurs plans poli-tiques et séparaient l’Empereur de la nation. « Les principes qui présidaient ä leurs conseils, disaient-ils, des leur premiere réunion pour le salut commun, avaient regn tout leur développement; rien n’empéchait plus qu’ils exprimassent les conditions né-cessaires ä la reconstruction de l’édifice social. » (25 mars 1814.)
Cinq jours plus tard, ils allaient étre en mesure d’opérer cette reconstruction.
Ils n’avaient, en effet, devant eux que 18 a 20.000 hommes, com-mandés par Marmont et Mortier. Ils auraient meine trouvé absolu-ment sans défense la route de Paris, si ces maréchaux avaient pu exécuter les ordres de Napoléon et le rejoindre å Chålons. Ils avaient essayé de le faire par Chåteau-Thierry, mais déjå Épernay était oc-cupé par les coalisés. Ils se rabattirent sur la route de Montmirail, espérant la trouver libre. Ils devaient au contraire tomber ainsi au milieu des masses de la coalition. Ils se repHérent alors de Montmirail sur la Fére-Champenoise en se défendant toujours et perdirent leur arriére-garde. Ils n’avaient pas méme pu rallier la division Pacthod, qui se trouvait isolée å quelques lieues sur leur gauclie et dont la résistance désespérée, en attirant de ce coté les principales forces coalisées, sauva peut-étre Marmont et Mortier.
Pacthod avait sous ses ordres 6.000 gardes nationaux des provinces envahies, qui avaient quitté volontairement leurs families, et 2.000 soldats. Attaqué par l’avant-garde de Blucher, il lui résista avec succes et fit quelques progrés sur la route de la Fére-Champenoise ou il espérait rejoindre les maréchaux. Mais å ce moment, il fut entouré par 14.000 cavaliers accourus au secours des premiers assaillants. Les gardes russe et prussienne, aux prises avec Marmont, entendirent le canon de Pachtod et, craignant que ce ne fut Napoléon, se portérent aussi de ce coté. « Cernée ainsi, au milieu d’une plaine, la malheureuse division de Pachtod s’arréta, se forma en carrés s’appuyant l’un l’autre, les canons aux angles, et se hérissa de baionnettes. Ces braves soldats croyaient l’Empereur perdu. :ils voyaientl’invasiontriompher ; ils savaient qu’apréseux iln’y avait plus d’obstacle entre l’ennemiet la capitale. Dans cette position désespérée, leur général les harangua : « On ne capitule pas, leur dit-il, en rase Campagne! La « loi militaire le défend, et surtout l’honneur! D’ailleurs, quand la patrie périt, qui vou-« drait lui survivre ? Jurons done de mourir pour eile! » Aussitöt, l’épée haute, lui-méme prononce ä haute voix ce serment, et tous, exaltés de son héroisme, répétent avec acclamation et en agitant leurs armes ce cri d’un dévouement å. jamais sublime! Ils tinrent parole. Et d’abord, inaccessibles aux charges furieuses de toute l’élite de la cavalerie alliée, leur feu roulant les entoura de morts et de mourants, dont