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NAPOLEON I"
ils jonchérent ces plaines fatales. Au milieu dece combat, deux fréres, l’un transfuge, l’autre dans nos rangs, se trouvérent aux prises! Le premier, naguére aide de camp de Moreau, osa sommer l’un de nos carrés de mettre bas les armes 1 Son frére en commandait l’artillerie ; il lui réponclit ä coups de mitraille. La famée dissipée laissa voirl’un debout, ferme dans son devoir, tandis que, justement atteint, le transfuge restait étendu ä terre! » Les charges de la caValerie et de l’infanterie alliée n’ayant pu. entamer les carrés de Pachtod, l’empereur Alexandre, qui était accouru sur les lieux avec le roi de Prasse, fit appeler l’artillerie pour les démolir. « Les rangs rompus par la mitraille, continue le général de Ségur, et les carrés déformés, on. ne se rendit point; on se défendit d’homme å homme, ä la baionnette! » Trois mille cinq cents gardes nationaux se firent tuer sur place, 1.500 soldats et les 6 généraux, la plupart blessés ou foulés aux pieds des chevaux, ne se rendirent que sur l’intervention per-sonnellc d’Alexandre saisi d’admiration et de pitié. Pachtod ne voulut livrer son épée qu’au Czar lui-méme.
Les maréchaux s’étaient dirigés en toute håte vers la Ferté-Gaucher: ils y trouvérent l’ennemi. Ils tournérent alors å gauclie vers Provins etarrivérent endésorclre å Melun, puis å Charenton. Les coalisés, lais-sant dans Meaux Sacken et Wréde pour couvrir leurs mouvements, se présentérent bientot en trois coloimes au Bourget, å Bondy et å Noisy. Toutes les précautions de Napoléon pour ne pas alarmer Paris allaient, å cette heure, tourner contre lui.
Paris manquait complétement de fortifications. A la fin de 1813, Napoléon avait déjii songé å couvrir de forts les hauteurs environnantes, il avait méme chargé une commission d’ingénieurs de lui präsenter ä eet effet un mémoire et des plans. Puis, de peur d’effrayer la population, il avait renoncå å cette idée. La ville se trouvait done sans défense et, malgré le canon qui ne cessait de retentir depuis deux mois dans les plaines de la Champagne, aueune précaution n’avait été prise pour arréter l’ennemi. En l’absence de Napoléon, toutes les tétes avaient tourné. On s’était trop habitué ä compter sur lui et on ne sut pas méme profiter des avantages qui se présentaient d’eux-mémes dans ces terribles circonstances. Trente mille ouvriers, presque tous anciens soldats des armées de la République, demandaient des armes, et il y avait dans les arsenaux 20.000 fusils. On n’en distribua pas un seul, et le ministre de la guerre, Clarke, employa méme les baionnettes de la vieille garde pour écarter ceux qui venaient en réelamer! Il y avait 200 canons de reserve å Vincennes, et on se 4 contenta de placer 4 piéces d’artillerie sur les Buttes-Chaumont et 7 sur la Butte-Montmartre. Tandis que nos troupes manquaient de munitions, cinq millions de cartouches restaient sans emploi dans les arsenaux, et l’ennemi, séparé de ses pares de réserve, trouva ces ressources le lendemain et s’en servit contre nous. On ne fit pas venir 20.000 hommes qui se tenaient dans les dépots de Versailles, et la défense fut