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NAPOLEON I«
déclara que les alliés n’entendaicnt imposer å la France aucun gouvernement, pas méme celui des Bourbons. Si la Prusse se montrait plus favorable, c’est qu’elle croyait que, eu égard aux circonstances, cette solution était la plus funeste ä la France. Les princes avaient pensé, pour gouverner la France, non seulement au fils de Napoleon, mais ä Bernadotte, au duc d’Oiiéans, l’ancien général de Jemmapes, et, jusqu’au der-nier moment, on put croire que Napoleon II succéderait ä Napoléon.
Mais l’empereur Alexandre, entouré, assiégé par les royalistes, et descendu dans. l’hötel du prince de Talleyrand, qui, par ses flatteries, avait contribué å faire signer å Marmont la capitulation de Paiis, laissa publier, le 31 mårs, une proclamation déclarant que l’Europe ne traiterait plus avec Napoléon ni aucun niembre de sa famille. Le Sefiat était chargé de nominer un gouvernement provisoire. Pour remplir ce mandat, Talleyrand convoqua aux Tuileries, dans la nuit du 31 mårs au Ier avril, tons les sénateurs que la régence aurait du emmener avec elle, mais qui, dans 1 attente dune catastiophe definitive, étaient restés tt Paris. C’étaient tous des révolutionnaires, formant å peine la moitié du Sénat. Talleyrand leur fit nommer nn gouvernement provisoire composé de cinq membres, qui furent : le général de Beurnonville, le sénateur comte de Jaucourt, 1 abbé de Montesquieu, Dupont de Nemours et Roux-Laborie. Ce gouvernement s’ empara de tous les ministéres et surtout des postes, qui furent confiées a Bourrienne. La plupart des journaux passerent dans les mains des royalistes, qui s’empressérent de couvrir cle calomnies et d’injiires le gouvernement impérial. Le 2 avril, le Senat proclama la décliéance de l’Empereur et cle toute sa famille.
Il publia méme une liste des griefs qui avaient motivé cette mesure. On crut rever en voyant les sénateurs flétrir comme des forfaits des actes qu’ils avaient sanc-tionnés de leurs votes toujours dociles et parf ois enthousiastes. Le gouvernement provisoire adressa lui-méme, le i avril, au peuple frangais, une proclamation dans la-quelle il condamnait le despotisme impérial et proposait le rétablissement des Bourbons. « Vous avez mis en Napoléon toutes vos espérances, disait-il, ces espérances ont été trompées. Sur les ruines de l’anarchie, il n’a fonde que le despotisme.'li ne croyait qu’ala force. La force l’accable aujourd’hui, juste retour d’une ambition insensée!... Nous avons connu les exces de la licønce populaire et ceux du pouvoir absolu. Re-tablissons la véritable monarchie en limitant, par de sages lois, les pouvoirs qui composent. »