Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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NAPOLEON I»1’.
temps, comme dans ceux de ma prospérité, vous n’avez cessé d’étre des modéles de bravoure et de fidélité. Avec des bommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue; mais la guerre était interminable. C’eut été la guerre civile et la France n’en seraib devenue que plus malheureu.se. J’ai done sacrifié tons nos intéréts ä ceux de la patrie. Je pars! vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée; il sera toujours l’objet de mes væux! ne plaignez pas mon sort. Si j’ai consenti å me survivre, c’est pour servir encore votre gloire. Je yeux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble..'. Adieu! mes enfants, je voudrais vous embrasser tous sur mon. cæur; que j’embrasse au moins votre général. Venez, général Petit, que je vous presse sur mon cæur! Qu’on m’apporte l’aigle, que je l’em-brasse aussi! Ah! chére,aigle, puisse le baiser que je te domie retentir dans la posté-rité! Adieu, mes enfants! mes væux vons accompagneront toujours. Gardez mon souvenir. »
En entendant ces paroles, les quatre commissaires étrangers eux-mémes, le général riisse Schouvalof, le général autrichien Koller, le colonel anglais Campbell, le général prussien Waldburg-Truchsess, avaient peine ä contenir leur emotion.
Les Adieux de Fontainebleau sont restes dans les souvenirs non settlement de la France mais de l’étranger, comme une des scenes les plus solennelles et les plus tou-chantes de l’histoire. Voici comment le grand poéte anglais fait parler un soldat de Napoléon (1) :
« Il est done vrai, 6 mon illustre maitre, que tu seras séparé du petit nombre de braves qui te sont restés fideles! Qui pourra te peindre la douleur de tes guerriers!...
«Je chéris une épouse, mon cæur n’a pasoublié mes amis. Mais que sont l’amour et l’amitié en comparaison dudévouement et delafidélité d’tinsoldat?... Idole de tes guerriers, grand au milieu des batailles, tu es devenu plus grand encore dans ton malheur. Comme toi d’autres out pu conquérir le monde : mais toi seul tu as supporté les coups du sort sans te laisser abattre. Longtemps j’affrontai le trépas ä tes cotés; j’enviais le destin des braves qui mouraient en bénissant le chef qu’ils avaient si bien servi... Ali! pourquoi n’ai-je pu mourir comme eux, plutöt que de vivre pourétre témoin de ce jour affreux! Que tes ennemis me chargent de chaines; elles me seront légéres, s’il ni’est permis d’admirer encore cette åme que rien n’a pu dompter.
« ... Mon chef, mon roi, mon ami, adieu! Jusqu’icije n’avais jamaisfléchilegenou, ja-maisje n’avais supplié mon souverain comme en ce moment jesupplie ses ennemis. La seule gråce que j’implore, c’est de partager l’infortune du héros, son exil et sa tombe. »
Napoléon n’étaitpas au bout de ses épreuves. L’hostilité des provinces du Midi ne lui permettait pas de les traverser sans escorte. Les coali-sés le firent done accompagner de quatre commissaires des grandes
(1) Byron place ces paroles dans la touche d’un officier polonais au service de la France. — Comparer les Deux Grenadiers de Béranger et les Deux Grenadiers d’Henri Heine, que la musique de Schumann a fait connaitre aussi bien de la France que de l’Allemagne.