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NAPOLEON I".
å entrer en malice avec le Directoire. » Les inquiétudes du Directoire étaient pour Bonaparte la meilleure preuve cle la place qu’il avait déjå prise dans (attention de la France; mais parmi les témoignages directs ou indirects d’admiration qu’il regut alors, nul ne lui fut sans doute plus précieux que celui du général qui jusque-lå occupait sans conteste le prenJier rang et pour lequel Bonaparte était déjå un émule. Le général Hoclie lui écrivait de la Vendée, 12 floréal an IV (Ier mai 1796) :
'« Honneur aux héros de Millesimo! honneur au brave chef qui les commande! Le Directoire a transmis å l’armée que j’ai l’honneur de commander l’éclatante vic-toire que celle d’Italie a remportée sur les ennemis de la République. Acceptez, mon eher général, le témoignage de la joie vive et pure que vos éclatantes victoires ont produite en nos cæurs. Vous continuerez, brave général, å nous causer de semblables sensations et, en mon particulier, je m’applaudis de vous avoir connu. Salut et amitié. »
Si tels étaient les sentiments de ses collégties, de la France et des Italiens eux-mémes, quels devaient étre ceux de ses soldats! A partir cle Locli, ils pensaient qu’avec un tel général rien n’était impossible, et des proclamations telles que celle qu’il leur adressait de Milan étaient bien de nature a entretenir cette admiration et ce dévouement sans bornes. Nous la transcrivons dans son entier, car c’est une des plus belles harangues que jamais général ait adressées å ses troupes.
« Soldats,
« Vous vous étes précipités comme un torrent du haut de 1’Apennin; vous avez culbuté, disperse tout ce qui s’opposait å votre marche.
« Le Piémont, délivré de la tyrannie autrichienne, s’est livre å ses sentiments naturels de paix et d’amitié pour la France.
« Milan est å vous et le pavillon républicain flotte dans toute la Lombardie. Les elues de Parme et de Modéne ne doivent leur existence politique qu’å votre générosité.
« L’armée qui vous menagait avec tant d’orgueil ne trouve plus de barrieres qui la rassurent contre votre courage. Le P6, le Tessin, l’Adda n’ont pu vous arréter un seul jour; cos boulevards vantés de l’Italie ont été insuffisants. Vous les avez franchis aussi rapidement que 1’Apennin.
« Tant de succes ont porté la joie au sein de la patrie; vos représentants ont ordonné nne féte dédiée ä vos victoires, célébrée dans toutes les communes de la République.