SCO
NAPOLEON Ier.
venant s’assurer que l’Angleterre gardait bien son prisonnier. On espéra un moment que les instructions d’une politique moms impla-cable mettraient fin au cruel formalisme de Hudson Lowe; il n’en était rien. Les commissaires montrérent de telles prétentions que Napoléon refusa de reconnaitre leur titre et de les recevoir.
Il est certain que des projets d’évasion s’étaient souvent présentés å Napoléon : on en trouve des mentions nombreuses dans les récits
Fig. 385. — Allégorie sur le rocher de Sainte-Héléne. Par Horace Vernet.
qui nous sont venus de Sainte-Héléne; mais, ce qui est plus certain encore, c’est que Napoléon n’a jamais voulu se préter å ces projets.
On ne peut nier qu’il n’ait quelque temps entretenu. l’espoir d’un. retour en Eu-rope, mais il attendait ce retour d’une révolution. Il repoussa la proposition de s’é-vader comme une låcheté et une défaillance. Sa pensée, sondant les profondeurs de l’avenir, avaib vu dans son martyre le gage des destinées de sa dynastie; dans la grandeur de son malheur, la consécration de sa gloire. Il disait un jour : « Mieux vaut pour mon fils que je sois ici; s’il vit, mon martyre lui rendra sa couronne. » Une autre fois : « Jésus-Christ ne serait pas Dieu s’il n’était pas mort sur la croix.» L’idée de l’irrésis-tible puissance de son martyre s’étant offerte å lui, Napoléon cessa de réagir contre son supplice, il aima sa souffrance.