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NAPOLEON I".
Bessiéres, Diiroc, Ney, Murat, Masséna, Bertliier, tous viendront å ma rencontre... nous causerons de nos guerres avec les Scipion, les Annibal, les César, les Frédéric;... å moms, ajouta-t-il en souriant, qu’on n’ait peur lå-liaut de voir tant de guerriers ensemble. »
Arnott, médecin anglais qui avait donné des soins å Napoléon avant l’arrivée d’Antommarchi, entra en ce moment. L’Empereur, trfes agité, l’interpella brusquement, disant å Bertrand de traduireses paroles sans omettre un seul mot: « J’étais venu m’asseoir au foyer du peuple britan-nique; j’attendais une loyale hospitalité. Vous m’avez donné des fers... C’est votre ministére qui a choisi eet affreux rocher, ou se con-sume en nioins de trois années la vie des Européens, pour y achever la mienne par un assassinat... Il n’y a pas une indignité, pas une horreur dont vous ne vous soyez fait une joie de m’abreuver. Les plus simples Communications de famille, celles meme qu’on n’a jamais interdites å personne, vous me les avez refusées. Vous n’avez laissé arriver jus-qu’å moi aueune nouvelle, aucun papier d’Europe; ma femme, mon fils meme n’ont plus vécu pour moi... Dans cette ile inhospitaliére, vous m’avez donné pour denieure l’endroit le moms fait pour étre ha-bité, celui oii le climat meurtrier du tropique se fait le plus sentir. Il m’a fallu me renfermer entre quatre cloisons, dans un air malsain, moi qui parcourais å clieval toute l’Europe!... » Il termina ainsi : « Mourant sur eet affreux rocher, privé des miens et manquant de tout, je légue l’opprobre et l’horreur de ma mort å la famille régnante d’Angleterre. » L’Empereur s’évanouit en pronongant ces mots.
Le 21 avril, ayant demandé l’abbé Vignali (l’abbé Buonavita n’avait pu supporter le climat de Sainte-Héléne et était reparti), l’Empereur voulut remplir ses devoirs religieux, ses devoirs de chrétien, catlio-lique romain, comme il le disait; il entendit la messe et communia, malgré (opposition de la plupart de ses compagnons de captivité, qui ne craignirent pas, en ce moment solennel, de tro ubier Napoléon dans ce dernier acte de sa foi et firent enlever la chapelle ardente qu’il avait fait disposer. Le 28 et le 29, il recommanda de faire l’autopsie de son cadavre et de porter son cæur å sa « chére Marie-Louise ».Il dicta la lettre qui devait annoncer sa mort å Hudson Lowe, et donna