Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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DETAIL DE LA CHEMINÉE DU CHATEAU DE VILLEROY.
(No d’ordre 2)
Nous parlions tout à l'heure d’exubérance dans l’ornemen-
tation, de richesse obtenue à force de recherche, ici c’est de
sobriété que nous devrions vous entretenir. Les grands ar-
tistes français de la Renaissance avaient ravi à l’antiquité
grecque le secret de son art, et, grâce à eux, ce ne fut plus an
luxe du détail qu'on demanda désormais l'effet grandiose,
mais à l’harmonie des contours et à la simplicité des lignes.
C’est au ciseau de Germain Pilon que nous devons la ma-
gnifique cheminée du château de Villeroy, qui décore aujour-
d’hui fune des salles du musée de la Renaissance au Louvre.
Quoi de plus simple, mais aussi quoi de plus grand, que. ce
splendide foyer de famille. Deux satyres ailés, cuirassés à la
romaine, vrais produits fantaisistes, d’une imagination toute
nationale, reliefs d’un fini et d’une délicatesse incroyable, dont
quelques filets d’or relèvent la blancheur, en l’harmonisant
au marbre noir du foyer; deux satyres (c’est l’un d'eux que
reproduit notre estampe) soutiennent l'entablement, surmonté
d’un retable au milieu duquel se creuse un ovale, en marbre
verdâtre; un buste de Henri II par Jean Goujon décore actuel-
lement ce cadre central. Deux femmes portant des couronnes
accompagnent ce buste; un fronton coupé termine le tout.
Au milieu se groupe un écusson, avec des génies pour tenants;
sur une plaque noire, on lit en lettres d’or : per ardua surgo.
On éprouve devant tout cet ensemble comme une sorte de
respect. Au XVIe siècle, le foyer domestique signifiait quelque
chose. Dans le principe, c'était le buste d'un Villeroy qui
profilait sa silhouette blanche sur ce fond coloré, sans doute
celui de Pierre Legendre, prévôt des marchands de Paris,
souche de marquis et de ducs, chef do nom, qui disait à ses
fils ce que Bossuet devait plus tard exprimer dans un langage
si majestueux : « Voyez dans quel sentier la vertu chemine,
doublement à l’étroit, et par elle-même et par l’effort de ceux
qui la persécutent. » Per ardua surgo.
Les Villeroy vivaient à la cour sous Charles IX et Henri III,
et si jamais fut étroit « le chemin solitaire et rude » dans le-
quel le virjustus « grimpe plutôt qu’il ne marche, » ce fut
bien à l’époque où Nicolas de Neuville, sieur de Villeroy, vit
se dérouler sous ses yeux les horreurs de la Saint-Barthélemy.
Certes, il avait raison de donner sa devise, comme journalier
enseignement, à ceux qui venaient après lui.
Plus on fouille les choses de la Renaissance, plus on trouve
à y admirer et à y apprendre.
CALICES DE LA CATHÉDRALE DE VARSOVIE.
(No d’ordre 36)
Au pays des grenades et des oliviers, l’effervescence dans
le goût, dans le sentiment et dans la pensée; au pays des nei-
ges, la froideur et la régularité; à l’Espagne, au Portugal,
Col-doué, l’Allambrah et Santa-Maria de 13élem;à la Pologne,
Krakovie, le château de Zator et le tombeau des Sigismond;
au midi le siège de cuir ciselé ; au nord le calice du trésor de
Varsovie.
L’art s’inspire toujours de tout ce qui l’environne : on dirait
qu’en germant dans une terre, il laisse à ses fruits comme
une saveur, comme un arrière-goût de ce sol, qui l’a vu pous-
ser et fleurir.
Nos calices ont, sous ce rapport, un cachet tout particulier,
qu’il serait trop long d’analyser en cet endroit.
Lorsque l’on étudie l’orfèvrerie religieuse, on sent qu’il ne
faut pas demander au XV° siècle l’élégance du calice de Saint-
Goslin, de Nancy, ni celle des monstrances de la cathédrale
de Reims; mais tout en admettant avec le P. Arthur Martin,
que « les artistes et les littérateurs de cette époque se sont
efforcés de cacher la stérilité des idées sous la profusion des
ornements, et ont suppléé comme ils ont pu, aux fortes pensées
par la recherche et la coquetterie, » on peut réserver un peu
de son admiration pour le travail en filigrane rehaussé d’é-
mail qui fait le fond de nos vases sacrés. Le noir des fonds, le
vert des feuillages, le rouge et le bleu des rosaces, font valoir
à souhait l’or mat des coupes, dont nous présentons les mo-
dèles, et les orfèvres modernes trouveront encore facilement
à s’inspirer de ces formes, qui, pour être un peu roides, n’en
sont que plus dignes, plus sévères et plus saintes.
MEUBLES TYROLIENS.
(No d’ordre 37)
Souvent le paysan, grâce à son intimité constante avec la
nature, conserve dans ses usages, dans ses vêtements, dans
ses meubles, un je ne sais quoi de frais, d’élégant, de gra-
cieux que n’a su garder l’homme des villes, dont la sensibilité
s’émousse, dont les habitudes s’uniformisent, pour ainsi dire,
au contact forcé des foules.
L’artiste trouve toujours quelque chose à glaner à la cam-
pagne. La table à pieds tournés et la chaise à dossier peint
que représente, notre planche, ont précisément cette fraî-
cheur et cette élégance, et nous avons cru bien faire, en les
extrayant du fond des chaumières bavaroises, les croyant di-
gnes de figurer avec honneur, dans les maisons de campagne
les plus pimpantes et les mieux atornées. Leur histoire du
reste est charmante.
C’est à l’époque si poétique des fiançailles que le jeune gar-
çon qui veut entrer en ménage offre à sa belle ces meubles
semés de fleurs, comme son cœur d’espérances. Le jour des
noces, il remplira sa charrette de tous ces bahuts, dressoirs,
lits et sièges aux tons vifs et colorés, et prenant l’épousée par
la taille, la campera fièrement au beau milieu, l’emmenant
triomphalement à sa maison. En France, nous avions jadis
pareils usages, pareilles coutumes de dons matrimoniaux.
M. Champfleury, dans son remarquable ouvrage sur les
faïences patriotiques, cite une écuelle de ménage, ornée du
portrait de mademoiselle Colinau, en sainte Cécile, sur lequel
est écrite cette pièce naïve : Bourdault Joseph aspire à ce que
le nom et le cœur de cel sy dessou passe au sien. — 1764.
Les Vénitiens donnaient aux fiançailles des coupes, connues
sous le nom d’amatorii, au fond desquelles étaient des por-
traits de belles jeunes filles avec leurs noms. Laura mia. Les
Tyroliens font ordinairement peindre sur les meubles dont
nous parlions plus haut, les emblèmes fleuris de leur profes-
sion. Généralement les tables sont couvertes d’une grande
plaque d’ardoise.
Grattez l’écorce du paysan, souvent vous verrez poindre
au-dessous de sa rudesse l’imagination la plus vive et la poé-
sie la plus charmante.
H, nu C.
Typ. Houge frères, Dunon et Fresné, r. du Four-St-Germ., 43.