ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
Mo 60 gu- du meuble, relativement à l’harmonie de ces choses entre elles ou bien à la hauteur, la largeur, la profondeur, les ténèbres ou la lumière de l’appartement. Ces questions premières, grandes, ca- pitales, sont laissées au jugement du fabricant artisan, lequel s’en tire comme il peut. Par hasard, nature, goût inné, et moyennant quelques études anciennement faites, certains conçoivent et exé- cutent des choses bonnes. Ce sont ceux-là qui ont fourni les for- mules dont la mécanique s’est emparée et que le Faubourg suit à satiété. Mais en général les fabricants inventeurs manquent de la connaissance des styles, et c’est pourquoi tous les styles se con- fondent dans ce qu’ils font; on y voit des portes en plein cintre avec des ornements pompadour aux corniches, et pour supports des bases à plinthes découpées qui datent du gothique. Aussi un caprice fait prendre ces meubles et un autre fait qu’on les dé- laisse. Le correct seul est durable. Quand il s’agit d’une fourniture extraordinaire ou d’une expo- sition cossue, le fabricant fait des frais insolites et va chercher un artiste de renom pour lui dessiner des pièces; mais ne sachant pas ou sachant mal lire ce qu’on lui dessine, il se trompe en l’exé- cutant ; ou bien l’envie d’épargner l’engage à supprimer ou sim- plifier certains passages, et l’œuvre arrive absurde. Nous en pourrions citer ainsi plus d’une dont on a ri au lieu d’en gémir. Ce qui n’empêche pas toujours les médailles d’or ! Il faudrait à l’industrie du meuble des écoles spéciales, où l’on apprendrait aux ouvriers, sinon l’art entier, au moins la partie de l’art dont ils ont besoin pour leurs travaux : lignes, principes, dif- férence et concordance des styles. S’ils ont du goût et des aptitu- des natives, on le verra bien. Un homme comme il n’y en a qu’un, lorsqu’à Paris nous en voudrions dix, Barbedienne, vient d’ouvrir ceci aux ouvriers en bronze, tous les soirs, rue Saint-Claude, et pour rien : maîtres, modèles, crayons, cartons et ce qui s’ensuit. Ne se trouvera-t-il donc point un ébéniste qui l’imite? Ils ont une chambre syndicale pourtant! Prenons aujourd’hui un ouvrier du meuble, habile, sobre, rangé, li sait travailler, comme on dit, et fera bien une pièce sur un plan, mais il ne sait pas faire un plan. Voyant ce qui lui manque, le sage appétit le prend d’un peu d’ar- chictecture. Il va donc le soir à une école municipale : là, des hommes fort éclairés et vertueux lui donnent à copier et à laver des corniches de temples grecs. Ce serait sans doute la bonne base pour quiconque aurait le temps de devenir un artiste com- plet. Mais celui-ci, ô professeurs routiniers et sublimes, n’a pas tous ses jours, dix années durant, à vous donner. Son pain et celui d’autrui sont au bout de ses doigts; deux heures par jour pendant deux ans au plus, voilà son offrande, à condition encore de man- ger peu et de dormir vite. Pourquoi, puisqu’il a besoin d’appli- quer ce qu’il apprendra, ne pas tout de suite lui faire copier des ensembles et des détails de meubles moyen âge, renaissance, louis-treize, louis-quatorze, louis-quinze, louis-seize? et lui ensei- gner tous ces styles divers concurremment et conjointement avec l’antique, leur commune source? lui apprendre comment une colonne et un pilastre s’ajustent selon la loi de chaque époque; et do même pour toutes les parties, panneaux, frises, tiroirs, frontons, cartouches, supports de milieu, etc.? En dix mois d’un tel enseignement vous auriez, ou je m’étonnerais bien, de cet ou- vrier de bonne volonté fait un contre-maître, en le supposant intelligent et porté vers l’administration. Or, que faudrait-il dans la suante et souffrante république du travail ? Ce serait que tous les ouvriers pussent devenir des contre-maîtres un jour, au lieu de rester, pour les neuf dixièmes, de pauvres machines vivantes qui n’arrivent jamais qu'à bien produire un monotone détail de spécialité, ce qui les énerve et les abrutit à la longue. Précieuse mais triste force pour les grandes maisons, qui seules peuvent constamment employer et détruire une même âme sur une même chose! Grand mal, au fond : quel bien saurait résulter jamais de l’abaissement, du parcage et de la mécanisation de l’homme? Or, fatalement, naturellement, physiquement, il arrive de ceci que l’ouvrier se dégoûte d’un travail sans attrait et sans avenir. C’est seulement de quelques héros qu’on obtient tout par le de- voir. Or, l’ouvrier aux pièces ne croit pas avoir de devoir envers son patron. Quand ça ne lui tient pas, il s’en va. Le déjeuner est toujours voisin des dominos, du bésigue ou du billard, et le jeu, du moins, varie les sensations. Un fabricant me disait un jour que certains de ses hommes aux pièces lui avaient fait seulement trente-six heures en une quinzaine. C’était déplorable des deux, parts : commandes manquées ici, misère creusée là. Auguste Luchet. (La suite au prochain numéro.} BIBLIOGRAPHIE LE CHATEAU d’aNET (1). M. Pfnor voulant donner à ses abonnés un spécimen des 21° et 22° livraisons de la Monographie du château d’Anet qu’il vient de faire paraître, s’est décidé à tirer, en supplément, une des planches qui en accompagnent le texte. Ce nouvel ouvrage, bientôt terminé, offre une étude complète d’un des monuments les plus intéressants de la Renaissance, puisqu’il est l’œuvre de deux des plus illustres maîtres de cette grande époque : Philibert Delorme et Jean Goujon. Sculpture, architecture, détails, ornementation, et jusqu’aux plus petits mo- tifs de serrurerie et de décoration, tel que celui intercalé dans ce texte, tout, disons-nous, est traité avec le soin et l’exécution hors ligne dont ne s’est jamais départi l’auteur de la Monogra- phie du palais de Fontainebleau, du château d'Heidelberg, de Y Epo- que Louis XVI, etc., etc. Le premier de ces ouvrages, sorte de synthèse artistique, pré- sente des spécimens des diverses époques de la Renaissance; le châ- teau d’Anet commence une série de monographies qui en seront comme l’analyse détaillée. C’est là un projet gigantesque, auquel suffit à peine toute la vie d’un artiste laborieux, et nous croyons fermement nous faire l’interprète de tous les artistes et de tous les vrais amateurs en adressant, à cette place, nos plus sincères encouragements à celui qui n’a reculé devant aucun obstacle ni devant aucun sacrifice, pour poursuivre avec un courage, bien rare de nos jours, une aussi grande tâche; car elle rendra aux arts, et principalement à l’architecture, d’immenses services, en nous fai saut connaître et en nous forçant à étudier, non point superficiel- lement, mais jusque dans leurs détails les plus raffinés, les œu- vres de nos grands maîtres français du seizième siècle. (I) Monographie du château d’Anet, 30 livr. à 5 fr., chez l’auteur, 146, rue de Vaugirard.