ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
LES ARTS PARISIENS LE MEUBLE. ( Suite. ) Le premier inconvénient des machines à orner mécaniquement le meuble consiste dans la suppression de l’artiste. Nous appe- lons artiste tout homme qui, selon des formes convenues et ap- prises, convie son cerveau à embellir le travail de sa main. Or, la substitution d’un engin sans âme à cet homme était devenue nécessaire dans le meuble courant, par la raison trop simple que cet homme n’existe presque pas. En général, le fabricant parisien ne sait point le dessin. Il a reculé, comme aujourd’hui ses ouvriers reculent, devant le temps à perdre pour apprendre. Et il avait alors une excuse qui manque à ceux-ci, les écoles publiques de dessin n’étaient point encore inventées. C’est pourquoi depuis trente ou quarante ans les meubles dits du Faubourg n affectent à 'vrai dire aucun style. On les appelle armoire à tulipe, parce que la cor- niche, dans son profil, rend à peu près le renflement et l’évase- ment de cette fleur glabre et ventrue ; buffet à cadre, parce que le bâti possède une moulure rentrante qui simule un cadre autour des portes; lit à modillon, « crosse, patins de table agriffons, pau- vres modèles jadis trouvés suffisants et magnifiques, et sur les- quels l’avide et rapide industrie a aussitôt monté ses machines pour les multiplier jusqu’à la maladie! 11 serait en conséquence inutile de chercher du nouveau, ni même une variété quelconque, chez le meublier ordinaire de ce quartier qui s’en va tombant. Personne ou quasi n’en saurait faire, et qui en ferait ne serait guère assuré de le vendre. Ces formes banales et bêtes sont plus ou moins bien fabriquées, c’est là tout le choix que vous y pouvez : chercher le solide dans le hideux. L’autre inconvénient de ces machines ingénieuses est de com- promettre le bon comportement du meuble. IL est entendu que nous restons ici dans la donnée du meuble massif, le seul, à mon avis, qui doive préoccuper le présent et bien figurer dans l’ave- nir. Peu de maisons — on les citerait — font aujourd’hui du sculpté dans la masse; parce que beaucoup manquent de bois secs en épaisseurs convenables : parce qu’il est bon, et très-bon, d’é- viter le déchet dans une marchandise devenue si chère; parce que, enfin, le sculpté par application coûte beaucoup moins à éta- blir, la machine à découper l’ornement étant là et prenant pour elle les trois quarts du travail. Cette machine, qui sauve son maître de cinq sculpteurs sur six, est sans contredit très-providen- tielle et politique ; seulement il faudrait, pour rester honnête, ne s’en servir qu’à découper des contours pleins, jamais pour super- poser l’une à l’autre deux épaisseurs inégales; ainsi, par exemple, un fond tout d’une pièce à un dessus sculpté, lesquels devront nécessairement se conduire et jouer en sens inverse, et, se reti- rant ou se gonflant diversement, finir leur querelle par la démoli- tion de l’un et l’incurvation de l’autre. On a bien, il est vrai, la machine toupie à dégager les fonds; mais elle perd de la matière, et c’est grave 1 Ce que nous disons des ornements par application découpés, il faut aussi le dire des moulures mécaniques. Tout cela vaut très- peu et trompe. IL n’y a de bon, de véritablement bon que le meuble exactement massif, c’est-à-dire dont les détails ont été pris dans a masse d’un bois dur bien choisi et séché à l’air du temps. Tous les artifices de la science et toutes les ruses du bon marché échoueront devant cette loi. Il est temps que la fabrique y songe. Le goût du massif s’étend; on l’a bien vu à l’Exposition universelle. La belle marqueterie elle-même se fait en bois mas- sif; témoin l’admirable crédence de M. Fourdinois. Le meuble en chêne sculpté fut un moment compromis lorsque, avec cette ar- deur qui fait la vie des réactions, tout ce qui n’était pas épicier se jetait sur l’ancien, un peu sans doute par le sentiment vrai de l’art, beaucoup plus par ce que nous appellerons la manie ou la maladie du vieux. Heureux d’une fièvre qui offrait des primes à leurs fraudes, les recarreleurs imitèrent alors, à coups de pointe de compas, jusqu’aux piqûres des vers de bahuts du quinzième siècle. On ne s’imaginerait plus les choses informes et absurdes que ces gens-là nous firent avaler sous prétexte de naïveté, de pureté, de cachet. Il y a quelqu’un bien plus volé que l’imbécile par les fripiers du bahut, c’est l’amateur. Quoi qu’il en fût, il restait et est resté une chose bonne, c’est la protestation contre le plaqué en bois, meuble fardé, enluminé, miroitant, frivole, fragile, malgré quelques beautés incontesta- bles. En rien, certes, il ne convient d’aller trop loin, et si le meuble plaqué eût été toujours fait, par Grohé, Godin, Boutung ou Gœckler, au lieu de le proscrire il eût fallu l’honorer. Mais c’est ici ou nulle part que l’opinion confirme la règle, et l’on ne saurait se figurer jusqu’à quelles indigences nous avait amenés cet art français de coller du bois sur du bois. Ce sont d’abord les hommes qui essayèrent du massif, ambitieux de bahuts comme de panoplies, pour avoir l’air archéologue et gentilhomme. Puis les femmes, qui voyaient leur parure s’endommager au clinquant de ces boîtes suspectes, pomponnées et mal élevées. Puis arrivèrent des artistes, nous révélant par d’heureuses reproductions les im- mortalités de la Renaissance, et la restauration du massif eut gain de cause définitif. Le plus grand nombre, en suivant le goût qui triomphait, croyaient ne suivre que la mode; c’était mieux, ils cédaient sans le savoir à la puissance du vrai, sans lequel il n’y a point de beau. Or, le massif étant le vrai, le bois de rose ne pouvait plus être le beau. Aujourd’hui voilà ce goût devenu une nécessité. Aux immen- ses robes qui vont s’étalant il ne faut plus de meubles qu’elles renverseraient. Le plaqué n’est admissible que fortifié, cuirassé, blindé de bronzes. A ce prix difficile et coûteux, on permet en- core quelques louis-quatorze comme les faisait Wassmus, ou les louis-seize de l’impératrice tout ruisselants de lumières métalli- ques. Hors ces exceptions de cinquante mille francs, le massif est la règle, le massif est la loi. Est-ce pourquoi nous le faisons tant de couleur noire, comme serait un notaire ou un juge? Si bien que cette sévérité devant être trop chère en ébène, qui est un bois rare, nous venons, pour la servir, de réorganiser le faux au moyen du poirier noirci ? Pauvres gens que nous sommes ! Mais ce n’est pas tout. En de grandes choses ainsi ornées et peuplées, il faudrait être inventif; or, comme nous l’avons dit, la composition manque dans notre fabrique. L’art antique, dont toutes les beautés découlent, nous a pourtant donné les propor- tions de ses créations éternelles. Nous avons la règle et le mo- dule des colonnes, des chapiteaux, des bases et des corniches de tous les ordres d’architecture; nous savons, en sculpture, de com- bien de têtes une figure d’homme ou de femme se compose, oui : mais nous n’avons ni un professeur, ni un livre, ni une idée pour apprendre aux ouvriers ébénistes les proportions d’un appui, d’une porte, d’un dessus, d’un dessous, d’une partie quelconque