ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
-xc) G4 aux arts une si brillante impulsion, quelle se fait encore sentir de nos jours dans toutes nos productions. Depuis quelques années il est d’usage, chaque fois que l’on nomme Louis XIV, de répéter certains lieux communs rebattus, d’insulter à sa mémoire, de le traiter de tyran, de tourner en ri- dicule son soleil et son titre de grand roi, que lui décernèrent et le parlement et les grands écrivains de son siècle, qui valaient certes bien ceux du nôtre. Enfin, sous prétexte de démocratie ou de libéralisme, on se fait l’écho des accusations et des cancans de Saint-Simon le courtisan, l'homme entiché de sa noblesse, devant lequel les plus grands ministres du temps ne trouvèrent même point grâce. Nous éviterons, pour notre part, d’imiter cet exemple. Nous n’avons, du reste, qu’à poursuivre Fhistoire des arts sous le grand règne; si nous faisons, à ce propos, une digression dans le do- maine de l’histoire, c’est qu’elle est indispensable pour expli- quer les tendances nouvelles auxquelles les artistes durent se soumettre. Nous apporterons donc dans cette appréciation toute l’impartialité dont nous sommes capable, et nous nous garderons de nous laisser entraîner par cet esprit de parti rétrospectif, qui règne par le temps présent. Reconnaissons d’abord que la figure du grand roi domine évi- demment tout le dix-septième siècle. Un bronze, placé avec beau- coup d’à-propos au milieu de la salle, nous le montre en costume de guerrier antique, avec sa chevelure olympienne et sa pose de maître du monde. Ces statues équestres résument tout l’esprit de l’époque; elles respirent la majesté, un peu exagérée peut-être, mais imposante, d’un grand monarque dans lequel s’est incarnée une grande nation, elles datent le moment viril de notre histoire, et pour qui sent fortement, il n’y a pas là matière à plaisanteries et à déclamations révolutionnaires. Qui oserait nier qu’après les malheurs des quatorzième et quinzième siècles et les guerres ci- viles et religieuses du seizième, dans lesquelles l’étranger joua un si grand rôle, une royauté absolue ne fut devenue utile pour étouffer l’esprit rebelle des grands et créer l’unité française, en ne mettant entre la roi et son peuple qu’une administration hié- rarchique et soumise, qui ne laisserait plus, désormais, place aux intrigues et aux trahisons de la haute noblesse ? Dans la pensée du roi et des grands ministres qui l’entouraient, tout dut concourir à donner, tant dans le royaume qu’à l’étranger, la plus haute idée de la puissance du monarque qui commandait un si grand peuple, et les arts furent appelés à contribuer, pour une large part, à cette nouvelle organisation compacte de la na- tion qui fit de notre pays la première puissance de l’Europe, rang que ses plus cruelles vicissitudes n’ont pu lui faire perdre de- puis. L’art devint donc, comme sous l’empire romain, un moyen de gouvernement. On le soumit à un système administratif, on insti- tua des surintendants des beaux-arts et des bâtiments, dictateurs artistiques imposant leurs idées, leurs théories et jusqu’à leurs compositions aux artistes qu’ils employaient, des académies dé- crétant les lois du goût et monopolisant l’enseignement officiel des arts. Ce régime devait enfanter, par la suite, de graves inconvé- nients et détruire à la longue, en partie, l’originalité native du génie français, en supprimant l’indépendance et la liberté dont avaient joui si pleinement les artistes, jusqu’alors. Mais, pour le moment, cette originalité était encore trop vivace pour ne pas tenir tête à cette nouvelle organisation. Le moyen âge avait créé dans chaque province des écoles d’art dont les traditions s’étalent perpétuées pendant le seizième siècle, époque où les arts, encou- ragés par de grandes personnalités, avaient pu conserver les al- lures les plus libres et les plus hardies. De plus, l’administration artistique devait rencontrer dans les corporations, dont les privi- lèges s’étaient accrus depuis plusieurs siècles, un puissant esprit <le corps capable de lui opposer des résistances sérieuses. Aussi le résultat immédiat fut-il la formation d’un art national, sévère, imposant et pompeux, mais encore plein de fantaisie, de diver- sité et de ressources, et non point, comme l’art romain, un art de commande exécuté par une nation esclave et mercenaire. Ce fut, au contraire, l’œuvre d’un peuple entrant en possession de sa force collective et réunissant les éléments disséminés de son génie pour affirmer sa puissance. Cette transformation atteste la haute vocation artistique de notre pays, et fournit une preuve éclatante de la facilité avec la- quelle il sut toujours traduire les aspirations qui l’agitaient. La nation, constituée sous le sceptre du grand roi, reprenant la tra- dition romaine, dont elle n’avait jamais complètement perdu le souvenir, va pouvoir créer un art national, construire Versailles, décorer ses splendides intérieurs et entourer son roi, dans lequel elle s’est pour ainsi dire incorporée, de toute la majesté, la splen- deur et le luxe des plus grands potentats, afin d’imposer aux am- bassadeurs étrangers et aux grands eux-mêmes le respect, et, nous dirons plus, la crainte de son chef. Elle va ainsi dresser des arcs de triomphe et fonder, pour ses vieux soldats, un immense palais qui lui permettra de les recueillir et de payer dignement leurs ser- vices, mue par le même enthousiasme qui lui faisait élever, au treizième et au quatorzième siècle, des cathédrales et des mai- sons communes. Au moyen âge, voulant se soustraire aux tyrannies locales qui l’écrasaient, le peuple avait cherché auprès de l’autorité royale la reconnaissance de ses privilèges. Au dix-septième siècle, après bien des malheurs et des dissensions qui avaient retardé l’alliance de la royauté et de la nation, celle-ci allait enfin voir la réalisa- tion de ses rêves et user de sa force sous une volonté unique. Dans le premier moment d’effervescence, roi et peuple voudront faire des prodiges, dépasseront même le but et marcheront en- semble, de bonne foi, à la conquête du inonde. Que l’on n’accuso donc pas Louis XIV, seul, des malheurs de la fin de son règne; car il eut son peuple pour complice. Ses guerres et ses conquêtes, que l’on a voulu flétrir, nous procurèrent un agrandissement con- sidérable de territoire qui ne nous a plus échappé ; elles assurè- rent la prépondérance de la France, en mettant sur le trône d’Es- pagne une dynastie française, et le but, rêvé par son gouvernement, d’unir sous un même sceptre les nations latines, afin de mettra un obstacle aux envahissements des puissances du Nord et de l’Est, n'était-il pas, il faut en convenir, de la bonne, grande et prévoyante politique? Nous avons trop souvent, depuis, gaspillé notre sang et nos finances à poursuivre des projets plus chiméri- ques, et nous avons attiré sur nous de plus grands revers en ser- vant des intérêts moins nationaux. A. De La Rocque, Architecte. {La suite au prochain numéro.) R. PFNOR, Propriétaire-Directeur. Paris. — Typ. Rouge frères, Dunon et Fresué, rue du Four-St-Germain, 43,