ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
63 G^-> bilement la perspective aérienne, de produire des trous dans les surfaces solides que devaient revêtir les tapisseries. Enfin, ils étaient arrivés jusqu’à faire des terrains de véritables tapis de verdure et de fleurs, pour les faire participer à l’effet général du décor, sans cependant leur faire perdre la solidité qui leur est nécessaire. Nous nous sommes arrêtés, souvent de longues heures, devant les pièces d’orfèvrerie, et nous avans été amenés à reconnaître que le savoir des artistes qui travaillaient les métaux précieux était immense. Rien ne leur était étranger: ils modelaient les or- nements et la figure comme les plus grands sculpteurs, etcréaiént dans des proportions réduites les plus gracieuses compositions d’architecture; ils étaient, de plus, tellement familiarisés avec les procédés de leur art, qu’ils pouvaient traduire avec la plus grande facilité toutes les conceptions qu’enfantait leur ima- gination. Nous n’en voulons pour preuve que les deux grands calices de l’église de Saint-Jean-du-Doigt et de l’église de Plou- rach. Ces deux calices sont disposés sur des pieds lobés, large- ment empâtés ; leurs tig’os portent un nosud, et se terminent par une coup© d’un profil noblement galbe. Sur les piôds et sur les fausses coupes se développent des ornements, et les nœuds de la tige présentent de splendides compositions d’architecture : de petites lanternes en encorbellement, avec leurs colonnes, leurs frontons à coquilles, leurs pinacles et leurs niches renfermant des statues d'apôtres ; tou{ cet ensemble n’a que quelques centi- mètres de haut, et est exécuté avec autant de soin et de précision qu’un grand, monument. Nous renonçons à décrire les aiguières et leurs plateaux, les pots cylindriques si purs de profil, si élé- gants de forme et tout couverts d’arabesques, de rinceaux et de chimères séparant des médaillons dans lesquels s’inscrivent des divinités mythologiques, des figures allégoriques qui rivalisent, avec les plus beaux bas-reliefs du temps. Les cols et les anses des aiguières offrent une telle variété dans l’heureux choix de leurs motifs, qu’à eux seuls ils pourraient donner matière à une étude spéciale. L’horlogerie participe aussi des mêmes qualités, et nous de- vons accorder un moment d’attention à ces montres, en forme de croix, et à cette montre à répétition autour de laquelle court une galerie ajourée. Arrêtons-nous un instant dsvant cette petite horloge de Gaston d’Orléans, prisme rectangulaire couronné par un. campanile retenant le timbre et dont les faces sont gravées et découpées d’ornements et de grotesques. Tout dans ce siècle privilégié est du ressort de l’artiste. Les armes, non pas les armes de parade, mais les armes de combat, se couvrent d’arabesques, de damasquinures et d’emblèmes. Le quil- lon, les branches, le pommeau et le garde-main des longues épées et des miséricordes s’incrustent d’étoiles d’argent; le bois des carabines à canons ciselés disparaît sous les enroulements et les devises de nacre et d’ivoire. Les chanfreins, les devants de selle, les hausse-cols, les cuirasses, représentent des combats antiques, des prisonniers liés, des victoires et des mascarons. Enfin les étriers, les éperons, les cartouchières, les pulvérins, en cuivre repoussé ou doré, en ivoire, en fer découpé, sont décorés de rinceaux, de cartouches, de chiffres et de bas-reliefs. A côté de eet arsenal artistique, nous trouvons une collection de couteaux de table, à la lame effilée, aux manches d’ébène, d’ivoire, de bois précieux, incrustés de nacre, puis quelques cou- teaux à découper, à la large lame, sur laquelle est gravé le Bé- nédicité, en musique. Dans les mêmes vitrines : de charmantes serrures, des clefs à peigne, en fer ciselé, dont les broches se ter- minent par un chapiteau et un anneau se contournant en chi- mères ou en consoles, quelquefois surmonté d’une couronne. Ces difi'érentes pièces sont d’une exécution étonnante, fouillées et ciselées comme des ivoires, et dignes, sous tous les rapports, de servir de modèles au plus habiles. Nous ne saurions trop recommander à nos relieurs les beaux volumes, sur les ais desquels des filets verts, or, rouges ou blancs tracent les méandres les plus capricieux et entourent des chif- fres, des emblèmes sur les belles armoiries de France, de Mont- morency et de Diane de Poitiers. Ils trouveront là des motifs nouveaux qui les feront sortir des gaufrures banales dont ils prétendent enrichir nos livres. La céramique et les émaux occupent uno large place dans l’ex- position du seizième siècle ; il faudrait des volumes et de nom- breux dessins pour passer en revue tous les chefs-d’œuvre de ces deux branches importantes de l’art. Les merveilles se succè- dent avec une telle profusion, que l’on est bientôt ébloui devant toutes ces richesses ; il ne nous reste qu’une impression générale, bien difficile à transmettre. Comment décrire froidement les rus- tiques de Palissy : ces plats, ces coupes, ces vases, sur lesquels rampent tous les reptiles, brillent des poissons, des insectes, des écrevisses, au milieu de coquilles nacrées, de feuillages et de fleurs aux couleurs les plus vives et les plus variées ! Comment détailler et analyser ces faïences d’Oiron ! Que de goût et d’habi- leté dépensés dans ces petites pièces ! Ces salières, ces pots, ces flambeaux, autant de monuments et de modèles complets de vasques, de fontaines et de candélabres. L’emploi de la faïence dans l’architecture s’affirme dans trois épis de la fabrique de Pré d’Auge, destinés à égayer les poin- çons des combles et des lucarnes et à produire un bel effet de co- loration, en découpant leur silhouette brillante sur le ciel. Nous retrouvons dans les émaux coloriés la même richesse de couleur, la même vivacité de ton, les mêmes procédés que dans ceux du moyen âge. Les sujets religieux ont, il est vrai, perdu de leur simplicité touchante, mais en revanche ils ont gagne en ampleur et en mise en scène. Les sujets profanes offrent d admi- rables portraits, des tableaux héroïques, entre autres plusieurs portraits de Henri II à cheval, en costume antique, menant en croupe Catherine de Médicis ou Diane de Poitiers. Les émaux en grisaille, œuvre de plusieurs générations d’artistes : des Peni- caud, des Nouailhier, des Limosin, des Pape, des Reymond, des Courteys, etc., etc., comprennent les plus belles pièces : des por- traits, des aiguières, des plateaux, des coupes, sur lesquels gri- macent des grotesques, gambadent des faunes, se déroulent des rondes de nymphes et de satyres entourant des tableaux et des frises de divinités et d’allégories. Pour tous ces grands maîtres l’art du dessin n’avait plus de secrets, aucune difficulté ma- térielle ne pouvait mettre en défaut 1 expérience et 1 habileté qu’ils avaient acquises dans le grand art de la peinture sur émail. Il ne nous reste plus que quelques mots à dire sur les bronzes ; sur ce beau marteau de porte, formé par deux dauphins qui se re- courbent pour mordre un mascaron servant de heurtoir ; sur ces beaux médaillons, d’un style si élevé, reproduisant avec une no- blesse imposante tous les grands acteurs de ce siècle fécond qui enfanta Fère moderne, et que ses luttes sanglantes et ses cruelles factions n’empêchèrent pas de dégager la philosophie, d’asseoir les éléments des sciences, de fixer la jurisprudence et d’imprimer