ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 427 Forrige Næste
§ Le danger permanent d’incendie qui existe dans la fabrication des couleurs à base d’huile de lin ne se rencontre pas dans l’em- ploi de l’huile de pétrole, qui se lie parfaitement aux couleurs par une chaleur de 60 à 80 degrés, chaleur obtenue sans mettre en rapport direct avec le feu le récipient contenant la susdite huile. En résumé, voici les avantages de l’emploi du pétrole : 1° Économie de 25 p. 100 ; 2° Suppression du danger d’incendie; 3° Consistance plus grande, faculté de sécher plus rapide, éclat plus vif obtenu très-facilement par une addition plus ou moins considérable de résine ; 4° Indépendance des industries intéressées des variations pro- duites par l’abondance ou la disette du lin. BERNARD PALISSY Je ne crois pas qu’il y ait au monde spectacle plus intéressant que celui de la poursuite d’une idée entrevue par une noble et virile intelligence. Comme une nymphe pourchassée l’idée ne se livre qu’en détail à son amant obstiné ; elle lui jette, tout en le fuyant, les lambeaux de sa parure, un ruban d’abord, puis un col- lier, puis sa tunique, mais ce n’est qu’à la fin et à force de per- sévérance qu’il la possède tout entière dans son admirable nudité. Bernard Palissy est peut-être, sinon l’exemple le plus éclatant, du moins l’un des plus caractéristiques de cet entêtement sublime, de cette patience, irrésistible qui, alliés au bon sens et à la lo- gique, sont l’essence même du génie. Que d’épreuves successives, en effet, entre le désir nettement conçu, nettement formulé : créer l’émail, et la réalisation com- plète de ce désir! Que d’entraves physiques et morales!... Ap- prendre sans maître dix métiers dont on n’a pas la moindre no- tion, se faire potier d’argile, verrier, chimiste, constructeur de fours; si une brique est utile, cuire sa brique ; s’il faut une grille, forger sa grille ; s’il faut un caillou, aller le tirer soi-mème de la carrière, se heurter perpétuellement aux accidents les plus vul- gaires qu’aurait su éviter le premier ouvrier venu « ayant ap- pris » et cela pendant des semaines, des mois, des années ; — concevoir l’idée était certes beaucoup, mais combien l’auraient pu concevoir peut-être qui l’auraient sans doute abandonnée dès la première déception ; — aussi ne sait-on guère lequel admirer le plus en Palissy, de l’homme de pensée ou de l’artisan, de l’ou- vrier ou de l’inventeur. — Et pourquoi tant de peine, s’il vous plaît ! se disaient ses voisins de Saintes, pour obtenir quelques méchants morceaux de terre bariolés de couleurs différentes; —puis de rire ! et sa femme de pleurer, et ses enfants de crier famine ! Pour lui, amant obstiné de son idée, il continuait imperturbablement son œuvre au milieu de ces pleurs et de ces rires qui, sans doute, n’étaient pas sa moindre épreuve. C’est qu’ils ne voyaient pas, ces « aucuns artisans, comme chaus- setiers, cordonniers, sergents, notaires, un tas de vieilles » qu’il ne s’agissait pas seulement pour Bernard de quelques fragments de poterie colorée, mais en même temps de la consécration de toutes ces théories si vastes, si lumineuses, si « vues en avant» pour ainsi dire, qu’il semble, en les retrouvant aujourd’hui expri- mées dans ses vieux livres, que l’admirable artiste que l’on connaît a été, tout ensemble, le précurseur de toute science expéri- mentale. Né vers 1510, à La Chapelle-Biron, dans le Périgord, disent les uns, dans un village du même nom, aux environs de Saintes, prétendent les autres, Bernard Palissy n’appartenait, dans tous les cas, qu’à une famille fort humble. Un détail ferait pencher vers l’hypothèse de La Chapelle-Biron : c’est qu’une masure, dont il ne reste plus de traces, y a conservé longtemps le nom de Tui- lerie-Palissy, d’où quelques biographes ont conclu que le père de notre Bernard était fabricant de tuiles, supposition qui ne manque point de vraisemblance eu égard aux travaux futurs de son fils. Ce qu’il y a de certain, c’est que Palissy apprit la géométrie, le métier de peintre sur verre, et aussi ce que l’on appelait la pour- traicture, talents qui devaient plus tard singulièrement lui venir en aide. Ainsi allant, toisant ici un domaine, là dessinant des vitraux, Bernard commença son tour de France par le Midi et les Pyré- nées, puis le continua par le Nord, après quoi il poussa jusqu’en Allemagne. — Ces premières années, qui ne sont signalées par aucuns travaux, sinon par quelques vitreries, ne furent cependant pas les moins fructueuses dans l’histoire intellectuelle du jeune Palissy. Ce fut, sans aucun doute, dans le cours de ces longs voyages qu’il fit collection des ingénieuses remarques dont plus tard l’auteur de la « Recepte véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à augmenter et à multiplier leurs thrésors » et de « l'Art de terre, » devait tirer de si lumineuses con- séquences sur l’origine des sources, la nature des minéraux, etc. Ce fut en 1535 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, qu’il revint dans sa province ; il se maria avec une femme dont on a perdu le nom et se fixa à Saintes. Il est probable, du reste, qu’en même temps que son éducation scientifique il avait fait son éducation artistique. A cette époque, l’art était partout dans les moindres détails de l’ameublement, dans la forme des moindres objets usuels: tout était ciselé, fouillé, orné pour le plaisir des yeux dans ces châteaux de la Renaissance, où l’artiste voyageur avait sans doute souvent reçu l’hospitalité; aussi n’est-il pas étonnant qu’il se laissât séduire par l’idée de doter sa patrie de ces coupes vernies et émaillées dont le secret ne s’était conservé qu’en Italie. Sa profession de peintre sur verre lui donnait quelques lumières sur les couleurs à employer. L’ancien état de son père, quelques notions sur la cuisson des poteries, c’est avec ce mince bagage que part notre vaillant. Il couvre des tessons de pots de toutes les drogues qu’il peut imaginer, mais il les chauffe trop peu et rien ne paraît. Il recommence, puis encore, puis toujours. Réduit déjà aux expédients dès le commencement de l’œuvre, il entreprend de pétrir lui-même sa terre, il fabrique de ses propres mains les pots qu’au début il achetait tout façonnés. Il tourne à la grande fatigue de ses bras « où il ne restait quasi plus de boules non plus qu’aux jambes, si bien que son haut de chausses lui tombait de lui-même sur les pieds, » la roue d’un moulin qui nécessite les efforts de deux hommes. La seconde fournée prête il l’envoie au four d’un potier ; le four ne chauffe pas assez, rien n’apparaît. Bernard recommence encore, mais cette fois il va chez le ver- rier. — Grand succès, un des tessons est blanc comme neige, verni à miracle. Toutes les fatigues du passé sont oubliées. Plus de misère, la fortune ! plus de moquerie, la gloire ! que sais-je,