Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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des Favorites (Paris-Vaugirard) où M. Deck va centraliser toute
son industrie. Avec deux hommes de goût et de persévérance
comme MM. Deck et Reiber, le succès de leur entreprise ar-
tistique est assuré.
Nous avons obtenu de ces messieurs de pouvoir donner à nos
lecteurs un avant-goùt de leurs nouveaux produits.
Voici un flacon à vinaigre de toilette, reproduit d’après l’ori-
ginal en grandeur d’exécution. Ce flacon, forme gourde, est libre
et se pose, par un rebord inférieur, sur une base circulaire couron-
née de trois culots de feuilles formant trépied. Le profil est étudié
de façon à ce que le vase soit facile à mettre en main. Le bou-
chon, servant de couronnement, épouse le galbe général. Des
zones de fleurs en demi-relief, se détachant sur un fond de feuilles,
ornent le haut du goulot, la panse et la base. Une couleuvre en
bleu turquoise, s’enroule autour du col qui est décoré de stries
obliques, ocre sur blanc, venant se reposer sur une grecque en
bracelet. Le bas de la panse est couvert d’un enroulement ori-
ginal, ocre foncé sur jaune clair. Toutes les bandes séparatives
et les feuilles de la base sont en turquoise, et tous les centres
des fleurs, ainsi que les graines des feuillages du trépied, sont en
rouge rubis.
Notre gravure montre l’ensemble harmonieux de ce charmant
flacon vraiment créé pour orner la toilette d’une jolie femme.
Rodolphe Pfnor.
DE L’AMEUBLEMENT
ET DE
LA DÉCORATION INTÉRIEURE DE NOS APPARTEMENTS
( Suite)
Ah ! rentrons dans la convenance des choses, approprions les
cadres aux sujets ; enlevez ces'rideaux d’ici, gardez ce pastiche
de l’ébène pour la bibliothèque, pour le cabinet de travail ; mais
dans la salle à manger, faites que les meubles, par leur aspect et
leurs teintes, paraissent nous chanter encore une vieille chanson
de nos pères; donnez-leur comme un visage et une robe de fête,
et ne franchissez jamais les nuances du vieux chêne, qui rappelle
si bien la chaude patine du rôti cuit à point. Ici, cependant, re-
marquez une amélioration : les sièges sont recouverts de cuir
gauflré. Il faut se hâter de tenir compte, à qui a pu la faire, de
cette concession à la logique, car le voilà qui sacrifie aussitôt aux
fantaisies les plus irrationnelles. Voyez le fronton sculpté au dossier
de ce siège ; à l’époque où l’on donnait aux meubles les formes que
réclame leur destination, ce dossier, plus élevé, abritait le con-
vive, et les reliefs du fronton qui dépassait sa tête lui étaient
inoffensifs. Ici, placés à la hauteur de ses épaules, ils le tiennent
à une distance respectueuse. Le chiffre de l’amphitryon ne pour-
rait-il donc se montrer moins gênant et plus hospitalier ?
Il y a grand dîner aujourd’hui, car la table est garnie comme
aux jours de gala. Au beau milieu s’étale le surtout. Le surtout !
connaissez-vous une invention plus malencontreuse que ce mur
d’argent, trop souvent impénétrable, qui vous cache des visages
amis, sans vous dédommager par la poésie du sujet et la beauté
de l’exécution ? Encore si l’art, se mettant de la partie, avait
ménagé de larges échappées dans cette forêt de métal, si vous
pouviez suivre du regard Galatée, l’enfant rieuse qui, avant de
s’asseoir de l’autre côté, vous a lancé, en guise de pomme, un
charmant sourire ! Mais non, c’est massif, épais et lourd comme
l’orgueil et l’esprit du maître. Tenez, surtout pour surtout, j’aime
autant celui qu’improvisa je ne sais plus quel négrier. C’est
une histoire que je tiens d’un Havanais de ma connaissance. Ce
négrier avait vendu à Cuba une cargaison de cinq cents nègres,
et comme la denrée était rare, il en avait tiré un prix superbe.
Dans sa joie, il voulut faire une politesse à ses clients, et les in-
vita à dîner. Notre homme tenait à bien faire les choses; artiste
à sa manière, il se préoccupait de l’ordonnance de sa table, et la
voulait tout étincelante d’une splendide vaisselle. Dans un pays
riche, où le luxe de 1 argenterie était poussé à un degré inouï, il
se procura assez facilement tout ce qu’il desirait. Cependant une
pièce, à ses yeux la plus indispensable parmi les ornements du
festin, lui manqua. C’était le surtout. Il le chercha en vain. Mais
il ne se tint pas battu pour si peu. Le jour venu, et lorsque les
convives furent introduits dans la salle à manger, ils virent, en
manière de surtout, empilées et rayonnant au milieu de la table,
un monceau de pièces d’or s’élevant à 1,720,000 francs. C’étaient
les 20,000 quadruples d’Espagne qu’avait produits la vente des
noirs !
Après cela, riches qui n’êtes que riches, songez au négrier
avant d’embarrasser votre table d’un surtout. Il l’emportera
toujours sur vous par le poids et le volume du métal : l’art seul
peut vous assurer la victoire. Appelez donc l’artiste à vous, choi-
sissez-le même de la plus rare ingéniosité, car la pièce d’orfévre-
rie dont vous allez lui confier l’exécution est la plus difficile de
toutes. Et il ne faut pas seulement qu’elle soit belle, elle devra
encore être aimable, car elle aura toujours à se faire beaucoup
pardonner... Peut-être même vaudrait-il mieux la rejeter déci-
dément aux deux bouts de la table ; mais si vous tenez absolu-
ment à cette place du milieu, que votre surtout soit digne d’elle.
N’oubliez pas que c’est le principal personnage de votre compo-
sition, placé en pleine lumière, au centre même du tableau, et
vous savez toutes les exquises qualités de pensée et de forme que
les maîtres de l’art demandent à ce premier rôle. Mais qu’avant
tout, les divers motifs en soient espacés de façon à laisser les regards
des convives se rencontrer librement d’un côté de la table à l’autre.
Cette indispensable condition remplie, donnez carrière à votre
imagination. Vous avez tout le monde fabuleux, et tout l’univers
réel ouverts devant vous. Choisissez, combinez les inépuisables
matériaux qu’ils vous offrent ; que l’idée prenne un corps ; que les
visions de l’esprit comme les théories de la science se fixent dans
des éclosions anthropomorphiques. Donnez à admirer, mais
donnez aussi à penser. Que les festins de Rabelais n’excluent pas
lo banquet de Platon. Le duc de Luynes, Jean Feuchères et Fro-
ment Meurice nous ont montré un exemple, resté célèbre, du
magnifique parti qu’on peut tirer de toute cette poésie. Je parle
de ce globe terrestre entouré du zodiaque et porté par quatre
géants anguipèdes en argent repoussé et patiné, autour duquel
voltigeaient les génies de F Amour, de l’Harmonie et de l’Abon-
dance, et que surmontaient les figures debout de Vénus, de
Bacchus et de Cérès, avec leurs attributs. Après ces maîtres on
peut créer encore, mais, comme eux, à côté des satisfactions de
l’œil, réservez, je le répète, une place aux plaisirs de la pensée.
Cependant le repas est fini, on se lève. Suivons les invités qui
passent au salon, où pénètre en même temps l’odeur des mets
qui, deux ou trois heures durant, ont fait la joie des convives et
la gloire de notre Trimalcion de rencontre. Qu’il serait bon d’a-
voir ici une pièce intermédiaire convenablement aérée, sorte de