Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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nans, visitoient les vestiges des antiquitez, passoient par le lieu
où j’estois, le cardinal de Saincte-Croix, lors simple evesque seu-
lement, mais depuis cardinal et pape sous le nom dë Marcel,
homme très-docte en diverses sciences, et mesmes en l’architec-
ture, en la quelle pour lors il prenoit grand plaisir, voire jusques
à en ordonner et faire desseins et modelles, ainsi que puis après
il me les montra en son palais, dict en son langage romain qu’il
me vouloit cognoistre pour autant qu’il m’avoit veu et trouvé
plusieurs fois mesurant diuers édifices antiques, ainsi que ie fai-
sois ordinairement avec grand labeur, frais et dépens, selon ma
petite portée, tant pour les esehelles et cordages que pour faire
fouiller les fondements, afin de les cognoistre. Ce que je ne pou-
vois faire sans quelque nombre d’hommes qui nie suyvoient, les
uns pour gagner deux iules ou carlins le jour; les autres pour
apprendre, comme estoient ouvriers, menuisiers, searpelin, ou
sculteurs, et semblables, qui désiroient cognoistre comme ie fai-
sois et participer du fruiet.de ce que je mesurois. Laquelle chose
donnoit plaisir au dict seigneur cardinal, voire si grand, qu’il me
pria, estant avec un gentilhomme romain, qu’on nommoit Misser
Vincensio Rotliolano, logeant pour lors au palais de Sainct-
Mare, que je les voulusse aller voir, ce que je leur accorday très-
volontiers. Le dict seigneur Rotholano, homme fort docte aux
lettres et en l’architecture, prenoit grandissime plaisir à ce que
je faisois, et, pour ceste cause, me montroit, comme aussi le dict
seigneur cardinal, grand signe d’amitié. Bref, après avoir dis-
couru avec eux de plusieurs choses d’architecture, et entendu
d’où j’estois, ils me prièrent de rechef de les visiter souvent au
dict palais, ce que je fis. »
Dès son retour de Rome, Philibert de l’Orme, comme tous les
grands esprits qui, derrière l’observation, cherchent la théorie,
et derrière le fait matériel, l’harmonie générale, comprit que les
mesures qu’il avait si patiemment toisées sur les monuments an-
tiques devaient èft'e reliées entre elles par une loi de proportions
inviolables ; de là, certainement, la préoccupation mathématique
qui, depuis, lui a fait trouver avec un rare bonheur tous les tra-
cés géométriques des voûtes et sa théorie non moins impor-
tante des charpentes en petits bois. « La mathématique, » comme
il dit, est, à son sens, tellement importante, qu’il en fait comme
l’enseigne de son traité. Lisez l’explication du dessin embléma-
tique qui ouvre le livre.
« En premier lieu doncques, ie figure vn architecte, habillé ainsi
qu’vn homme docte et sage (tel qu’il doit estre) et comme sortant
d’vue caverne ou lieu obscur, c’est-à-dire de contemplation, soli-
tude, et lieu d’estude, afin de pouvoir parvenir à la vraye co-
gnoissance et perfection de son art, il trousse sa robe d’une main,
voulant montrer que l’architecte doit estre diligent en toutesses
affaires, et, de l’autre main, il manie et conduit vn compas entor-
tillé d vn serpent pour signifier qu’il doit mesurer et comparer
toutes ses affaires et toutes ses œuvres et ouvrages avecques vne
prudence et meure délibération.............................
Pour ce est-il que je figure ledit architecte tenant touiours le
compas en sa main, afin de l’enseigner qu’il doit conduire toutes
ses œuures (comme nous avons dict) par mesure, et ay aussi ac-
compagné le dict compas d’vn serpent, afin qu’il se souvienne
d’estre bien advisé prudent et caut à l’exemple dudit serpent; car,
ainsi qu’escrit sainct Ambroise, sentant approcher de soy l’en-
chanteur, il met une de ses oreilles contre terre et estouppe
l’autre de sa queue; ainsi faisant, l'architecte parviendra à la
palme, la quelle ie luy propose et mets devant les yeux, comme
le but auquel il doit viser et le chemin auquel il doit tendre. »
De ce compas emblématique, notre architecte s’en servit telle-
ment bien qu’il crut avoir trouvé la loi harmonique universelle
qu’il cherchait, ainsi que l’indique le curieux extrait suivant, dans
lequel il annonce la publication postérieure de sa découverte :
«Au second tome et œuvres de divines proportions (lequel j’es-
père faire imprimer si Dieu m’en donne la grâce ), vous verrez
non-seulement le moyen et nouvel invention de faire des corni-
ches ; mais aussi par les mesures de tout, le corps humain trou-
vera toutes les proportions de toutes sortes de plans et mon-
tées des bâtiments que vous désirerez, conformément avec les
mesures et proportions qui se trouvent dans la sainte Bible.
De cette loi, comme tous les artistes de ce temps qui pensaient
(avec raison à notre sens) qu’aucune partie de l’art n’est indiffé-
rente aux autres, il tire des conséquences, qui peuvent paraître
folles à première vue, mais qui n’en jettent pas moins une singu-
lière lumière sur l’invention des colonnes, considérées comme
des transformations des figures dites cariatides ; d’après Phili-
bert de l’Orme, et rien ne peut faire taxer cette opinion de folie,
les colonnes de l’ordre dorique ne seraient autre chose que la
corruption successive des cariatides hommes, les colonnes ioni-
ques la corruption successive des cariatides femelles.
«J’ai choisi l’ordre ionique entre tous autres pour orner et illus-
trer le palais, lequel la majesté de la royne mère du très-chres-
tien roy Charles IX de ce nom, fait aujourd’hui bastir en ceste
ville de Paris, sous ses ordonnances et desseings; car j’y procède
tout ainsi qu’il plaist à sadite Majesté de me commander, sauf les
ornements, symmétries et mesures, pour lesquelles elle me fait
cete grâce et faveur de s’en fier à moy. J’ai voulu accommoder le
présent ordre à son dit palais pour autant qu’il n’est guères usité,
et qu’encores peu de personnes l’ont mis en œuvre aux bastiments
avec colonnes. — Plusieurs en ont bien patroüillé quelque chose
en bois pour des portes, mais il ne l’ont encores bien cogneu ny
représenté. L’autre ray son pourquoy j’ai voulu figurer et natu-
rellement représenter ledit ordre ionique au palais de Sa Ma-
jesté la royne, c’est pour autant qu’il est féminin et a esté in-
venté après les proportions et ornements des dames et déesses
ainsi que le Dorique des hommes comme m’ont appris les an-
ciens : car quand ils voulaient faire un temple à quelque dieu
ils y employaient l’ordre dorique, et à une déesse, l’ionique. »
J. Du Boys.
( l.d suite prochainement.)
LE PAVILLON IMPÉRIAL
A L’EXPOSITION UNIVERSELLE.
Nous avons cru être agréable à nos lecteurs en leur donnant
la vue du pavillon impérial, tel qu’il sera exécuté d’après les plans
et projets de MM. Duval frères, tapissiers, fournisseurs brevetés
de Sa Majesté Impériale.
Le rédacteur en chef de Y Exposition universelle de 1867,
M. Fr. Bucuing, a bien voulu nous autoriser à reproduire la
gravure qu’il a publiée en tête de son premier numéro.
Voici les détails que nous avons recueillis sur ce pavillon :
Il est placé à gauche de l’avenuè centrale qui, venant du pont
d’Iéna, conduit à la porte d’honneur du palais de l’Exposition. Sa
forme (ellipse renflée aux extrémités des deux axes), ainsi que
son style composite du mauresque et du grec, le rendent à la
fois sérieux et gracieux d’aspect. Il sera d’une grande légèreté,
et pour ainsi dire découpé à jour. ■
Pour tempérer l'excès de lumière qui résulterait de ses nom-
breuses ouvertures, une marquise fort riche, soutenue par des
lances et des trophées, s’étendra tout autour du pavillon, recou-
vrant une terrasse bordée d’une balustrade en marbre. Les quatre
perrons qui donneront accès au pavillon, seront également en
marbre ; des statues de gardes et de licteurs orneront la nais-
sance des rampes.
Nous ne pénétrerons pas aujourd’hui à l’intérieur pour l’agen-
cement et l’ornementation duquel on nous promet des merveilles.