Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
VISITE AUX ATELIERS
Céramique contemporaine. — Faïence d’art.
La mode et les flots sont changeants. Il y a quelques années,
on méprisait souverainement tout ce qui était simple faïence,
comme on disait alors. Dans les coins des cours de ferme, du Ni-
vernais ou de la Normandie se cachaient les admirables choses
qui se dressent aujourd’hui, sur les meubles les plus riches, dans
les salons les plus somptueux. La faïence est en vogue pour le
moment, espérons qu’elle y restera longtemps.
Mais son immédiate utilité ne paraît pas seulement dans l’ob-
jet gracieux que l’on destine à la toilette d’une jolie femme, à la
table d’un grand seigneur, elle se montre encore clans la décora-
tion intérieure des appartements, et même dans l'ornementation
monumentale.
M. Jean poursuit cette idée de la grande faïence avec une per-
sévérance digne de tous nos éloges. S’il réussit à merveille les
services de table ; la pièce de surtout, que nous donnons, en est
une preuve ; peut-on voir rien de plus exquis que cette sirène au
milieu de ses roseaux ; s’il atteint, disons-nous, ce premier but
de l’art de terre, la joie dans le festin, il vise au delà. Nous
avons vu dans ses ateliers les pièces qu’il destine à l’Exposition;
elles sont vraiment superbes.
Les Italiens incrustaient dans les. murs de leurs édifices des
majoliques. — François Ier voulut revêtir de vastes compositions
émaillées les murs du château de Madrid. On a tenté, de nos
jours, de renouveler ce goût de la couleur. Les frères Balze n’en
désespèrent pas, M. Jean est convaincu de la réussite complète.
Les médaillons de Rembrant et de Diane, entourés de bordures
dans le genre de Lucca della Robbia, aideront, nous n’osons en
douter, cette révolution dans l’architecture. Ce qui manquait
aux théâtres du Châtelet, dans le malencontreux essai qu’on y fit,
c’était le relief. — Il a su le donner.
Outre le pavillon de l’impératrice au champ de Mars, dont
M. Jean fait l'ornementation extérieure, ses grandes pièces :
une torchère splendide de composition et très-harmonieuse de
tons, une fontaine, des bustes renaissance, des vasques, etc-.,
ont toutes ce grand caractère qui fait l’originalité des œuvres
sorties de ses ateliers de la rue d’Assas.
Monsieur Jean est lui. On peut toujours prédire le succès aux
chercheurs, il y en a tant dans le inonde qui ne font que suivre
les autres.
Ce n’est pas à dire pour cela que l’idéal soit complètement
atteint, non. Dans ses figures religieuses, nous voudrions un peu
plus d’archaïsme ; dans ses médaillons peints, plus de finesse
dans les têtes ; mais les premiers pas sont faits et c’est beaucoup.
Son émail est en général d’une pureté incroyable. Il a des
bleus intenses qui rappellent les Italiens, dans ce qu’ils avaient
de plus coloré, et lorsqu'il veut imiter les Rouen, ses rouges
jouent la faïence normande à s’y méprendre.
Heureusement qu’il ne se contente pas d’imiter, on peut à ses
heures copier un Moustier, un Strasbourg, un Lille, un Rennes
même, mais le besoin de notre époque est de créer, et c’est ce
qui donne à M. Jean un mérite incontestable dans sa spécialité.
La foule admirera sans doute son violon tout empreint du carac-
tère antique. Nous nous contenterons de le remercier d’a-
voir fait faire en France un progrès immense à l’art de terre,
d’avoir su faire dire à la glaise sa pensée personnelle, d’avoir
créé un genre, de s’être fait lui.
R. Pfnor.
DE L’AMEUBLEMENT
ET DE
LA DÉCORATION INTÉRIEURE DE NOS APPARTEMENTS
( Suite )
Pour la nuit, l’effet est complètement opposé; les premiers
plans sont dans la demi-teinte et indécis ; un peu plus loin ils
s’assombrissent, et au delà le sombre intense, les ténèbres !
Voilà deux exemples fournis par la nature : l’on y trouvera une
précieuse indication de la marche à suivre pour la décoration de
nos pièces. Ainsi, voulez-vous décorer votre salon dans les tons
clairs, et augmenter à l’œil, par l’illusion, la véritable dimension
de votre pièce ? Suivez le premier exemple que je viens d’indi-
quer : d’abord, que votre tapis soit vif et soutenu de tons brillants
vers le centre; que les tons s’affaiblissent et deviennent plus
clairs en arrivant aux extrémités, c’est-à-dire jusqu’au pied de la
boiserie murale; que vos sièges (je parle de ceux qui contournent
la pièce) accusent des couleurs vives sur le tissu qui récouvre le
siège ; baissez un peu de ton pour le tissu qui recouvre le dossier ;
puis, arrivant à la boiserie murale, si elle est à panneaux ren-
trants, vous peindrez la partie qui est la plus proche de vous, de
tons encore plus adoucis que ceux du dossier de vog sièges (et de
couleurs différentes, si vous voulez), et enfin, les tables les plus
fuyantes de la boiserie recevront les teintes les plus vaporeuses
de la palette. Vous produirez ainsi un effet d’optique qui gran-
dira votre pièce, et obtiendrez une harmonie générale qui satis-
fera le regard. Quand, clans le cas contraire, le besoin d'en-
semble ou les convenances décoratives d’une pièce vous entraî-
neront vers les tons sourds ou sombres, vous prendrez, si je puis
m’exprimer ainsi, la perspective de nuit, c’est-à-dire vous ferez
le contraire de ce que je viens d’indiquer pour la perspective de
jour. Le tapis sera clair au centre, et plus vous vous éloignerez
de ce centre, plus les tons deviendront sourds. La couleur des
sièges sera calculée suivant le nombre des plans que vous aurez
pu disposer dans la construction de votre boiserie. Le tissu qui
recouvrira vos sièges sera un peu plus teinté que le centre de
votre tapis, et l’étoffe de leur dossier montera d’un ou deux tons
au-dessus; enfin,les nuances s’assombriront de plus en plus sur les
parois de la pièce à mesure qu’elles fuiront vers le dernier plan.
Mais peut-être s’étonnera-t-on de m’entendre parler de plu-
sieurs plans dans une boiserie murale, et peut-être aussi fera-t-on
la remarque qu’un fauteuil exécuté comme je l'indique pourrait
sembler être fait d’étoffes dépareillées? Je l’accorde, si les tons
ne sont pas juste à la hauteur convenable, et si la transition n’est
pas calculée à l’avance ; je le nie, si le problème est étudié avec
soin et si sa solution est mathématiquement trouvée, grâce à
la juste rencontre de la perspective de couleur, qui produira à
coup sûr l’illusion nécessaire à l’agrandissement de votre pièce.
Pour répondre à l’objection possible de la difficulté d’obtenir plu-
sieurs plans dans la partie murale, je dirai qu’il est très-ordinaire
d’en trouver deux ou trois dans jla boiserie, et qu’en perdant
peut-être deux ou trois centimètres, on arriverait très-facilement