L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
OC
Victor Hugo, parmi cette élite sereine.
Rayonner, le front ceint de lauriers toujours verts,
Ainsi que Charlemagne au milieu de ses pairs.
Il est le Rythme, il est le tout-puissant génie
De vie et de beauté dans la libre harmonie.
Il est fort, il est bon. Sur Pégase dompté;
11 s’élève; il soumet la force à l'équité.
Il vit clans tout, son âme est l’âme universelle;
De tout il fait jaillir la céleste étincelle,-
Et rend au plus chétif la clé de l’infini.
Il accorde, en chantant, l’univers désuni.
Contre lui vainement le Passé noir s’acharne,
Il délivre l’idée et le Mot qui l’incarne.
O l’auguste combat du juste révolté.
Contre l’aveugle assaut de la Fatalité !
O les coups éclatants ! O le triomphe austère,
Dans le renoncement complet et volontaire
A tout ce qui n’est pas selon l’ordre éternel !
Nul Absolu, hormis le Rythme originel !
Aimoz, luttez, mourez, sans effroi, sans envie !
La Mort même est féconde à l’égal de la Vio :
C’est le sein jamais las d’où ressuscite en fleur
Tout élément flétri par l’âge ou la douleur.
LA FRANCE.
Je suis fîère de lui, fière d’eux tous, ô Muse !
Contre l’avidité, le sophisme et la ruse,
J’aurai toujours pour moi ceux qui les auront lus.
LA POÉSIE.
Leur œuvre est immortelle.
LA FRANCE.
Hélas ! ils ne sont plus.
LA POÉSIE.
D’autres vivent, non moins dignes de toi, Patrie!
Eux aussi, de ta sève ils ont la chair pétrie;
S’ils sont venus plus tard, si les temps douloureux
Jettent encore de loin leur grande ombre sur eux,
Si dans leur idéal de penseurs et d’artistes
L’âpre réalité mêle des Ions plus tristes,
Si leur génie, où luit ton antique bon sens.
Craint l’esprit étranger, même avec des présents,
France, ils n’en ont pour toi qu’un cœur plus idolâtre.
Par eux, sur l’univers règne encore ton théâtre ;
Aime-les! Ils auront, en nos jeux alternés.
Leur place légitime auprès de leurs aînés;
Et dans leur fantaisie exquise, dans leur dramo,
Par chacun révélée éclatera ton âme.
LA FBANCB.
Mon âme, ô Muse l il faut qu’on la connaisse bien ;
Il faut que, contre nous, il ne subsiste rien
Des sombres préjugés conçus par l’ignorance.
LA POÉSIE.
Te voir, c’est te chérir, loyale et douce France.
LA FRANCE.
Vesprit d’erreur, l’esprit étroit qui nie et ment,
M’a parfois dénigrée avec acharnement;
Je dois désabusor la conscience humaine.
Je ne suis pas le mal, je ne suis pas la haine;
J’en atteste l’histoire et la clarté du jour,
Je suis la liberté, la justice et l’amour.
Mais dès que j’ai voulu, cœur droit et bras robuste,
Devenir fraternelle, être libre, être justo,
La vieille iniquité s’est dressée en émoi.
Et les peuples trompés se sont rués sur moi!...
LA POÉSIE.
Mais affranchie enfin, tu peux être toi-même,
Travailler, rayonner, rester celle qu’on aime,
Et tout reconquérir à force de bonté :
Espère un avenir vaillamment mérité !
LA FRANCE.
Sourde aux illusions après tant de souffrance,
Plus que jamais, c’est vrai, j’ai besoin d’espérance.
Depuis la grande aurore et l’éclatant réveil,
Que de soirs orageux, que de nuits sans sommeil !
Destin cruel! Parfois, triste, pleine d’alarmes,
O Muse ! malgré moi, j’ai le coeur gros de larmes.
LA POÉSIE.
Je comprends ton angoisse, et tous l’excuseront,
mais tu créas un monde. II vit. Lève le front !
Sois fiére de ton œuvre et crois en toi. Patrie,
Puissante et généreuse ardeur, clarté chérie,
Baiser de pourpre, gloire ouvrant le beau ciel bleu!
Tu fis le Droit de l’Homme en humanisant Dieu.
La Guerre, la Furie atroce, avec toi, France,
Eut un cœur, et pour tous s’appela : délivrance !
Et le fer de l’épée, on ta main, par l’amour.
Devint aussi fécond que le fer du labour.
Floréal immortel qu’en vain poursuit Brumaire,
Aux .peuples malheureux tu fus servir de mère,
Et tu ressuscitas au loin les peuples morts.
Ame des chevaliers sans peur et sans remords.
Tu seras à l’honneur, si tu fus à la peine.
Nul progrès ne se perd, nulle vertu n’est vaine.
Échappé sur ton sein au plus pressant péril,
Le nouvel Idéal est aujourd’hui viril :
Il te protégera, toi qui sus le défendre.
LA FRANCE.
A ta voix d’or, je sens le Ciel en moi descendre,
Enchanteresse, ô toi qui ne doutas jamais
De mon cœur, même aux jours où je te blasphémais,
O toi, mon pur orgueil, toi qui, libre et fidèle,
De ton temple, pour moi, fis une citadelle !
Merci ! Je me souviens, fidèle également,
De tes nobles conseils et de ton dévouement.
Quand, surprise, trahie, accablée, affolée,
O deuil ! je suis tombée à terre, mutilée,
Quand tous me reniaient, quand, lasse de souffrir,
Seule, blême, j’ai cru, j’ai désiré mourir,
Tu te penchas vers moi, tu baisas mes blessures.
Tu lavas de tes pleurs toutes mes flétrissures,
Tu me cueillis parmi les perles du matin,
Un brin de vert laurier, de verveine et de thym.
Dont je respire encor le parfum dans ton livre,
Tu berças ma douleur, tu m’aidas à. revivre,
Et pour qu’un jour ce qui doit être fût tenté,
Tu me rendis, avec ma force, ma fierté.
Par quels mots t’honorer dignement, Sœui' divine,
Voix consolante et sûre où le cœur se devine.
Fleur de rédemption, mystique reposoir,
Etoile du malin qui reparais le soir.
Messagère do paix qui, sans frapper, désarmes,
Arc-en-ciel dans l’épreuve aux yeux mouillés de larmes.
Souffle de vie, air sain des bois, des' monts, des mers,
Idéale Vénus qui nais des flots amers!...
Sois bénie! Avec toi, je me sens invincible;
Et voyant s’abaisser les bornes du possible.
J’invite l’univers qui m’écoute, à venir.
Calme, en ces jours sacrés, préparer l’avenir,
LA POÉSIE.
Oui, parle! Et que chacun vienne, plein d’assurance!
Tout homme a deux pays, sa patrie et la France :
Nos hôtes, quels qu’ils soient, seront ici chez eux.
Pour bien interpréter les chefs-d’œuvre de ceux
En qui le siècle fier reconnaît son génie,
J’ai ma troupe vaillante et toujours rajeunie :
Elle a gardé l’ardeur qui naguère anima
Mars, Dorval et Rachel, Frédérick et Talma;
Elle est digne de toi, France, et de tes poètes;
Sois tranquille I Poursuis tes travaux et tes fêtes l
Prends ta faucille, va, va moissonner tes blés,
Aux champs, où, parmi l’or des épis constellés,
En bouquets éclatants et frais, on voit éclore.
Comme sur ton drapeau, l’azur, l’aube et l’aurore !
Cueille au mûrier la feuille, à l’olivier le fruit!
Sois le regard qui veille et le bras qui construit!
Devant Paris entier courant leur faire escorte.
De ton Arc de Triomphe à ton Panthéon, porte,
Avec tes plus beaux chants et tes plus belles fleurs,
Les restes vénérés de tes fils les meilleurs!
Suis l’exemple donné par les héros célèbres,
Par les martyrs obscurs ; et des caveaux ftrnèbres
Entends monter, unie au chœur par tous chanté,
La voix des grands aïeux morts pour l’Humanitél
Marche au but! Sois prudente, enrestant intrépide;
Pour ne point dévier, choisis toujours pour guide
Ce sens pur de l'honneur que tu ne perds jamais!
Qui pourrait t’empêcher d’atteindre les sommets?
Esprit vif et léger de joie et de lumière.
Plane! N’est-ce pas toi, France, qui, la première,
Tandis que, dans les cris, les pleurs et les sanglots,
D’autres ensanglantaient les sillons et les flots,
Lasse de l’égoïsme et de sa prison basse,
Poussas du pied le sol, t’élanças dans l’espace.
Et comme l’alouette ornant ton casque d’or,
A travers les splendeurs d’un fécond Messidor
T’élevas, hymne ailé, sur ta fine nacelle.
Ouvrant au libre essor l’air que rien ne morcelle,
Et cherchant le chemin des paradis vermeils
D’où l’amour éternel fait surgir les soleils.
Émile Blémont.
M. TIRARD
M. Tirard, Président du Conseil des ministres,
chargé du portefeuille du Commerce et de l’in-
dustrie, a eu l’honneur, en sa qualité de Commis-
saire général, d’ouvrir l’Exposition universelle.
Ayant fait partie d’un certain nombre de
ministères, M. Tirard, entré dans la vie politique
en 1870 comme maire du IIe arrondissement
de Paris, puis député et sénateur, a été succes-
sivement ministre de l’Agriculture, du Com-
merce et des Finances. Il avait déjà occupé le
fauteuil de Président du Conseil, dans le cabi-
net constitué à la suite de l’élection de M. Car-
not à la présidence de la République, en 1887.
Agé de soixante ans, l’allure encore verte,
M. Tirard, aussi bien pendant les années qu’il
passa dans l’industrie que pendant celles où il
s’occupa exclusivement des affaires publiques,
ne cessa pas de s’occuper d’une façon toute
spéciale des questions économiques. Il fit partie
de toutes les commissions parlementaires char-
gées d’élaborer les projets de lois financières
ou commerciales. 11 fut aussi rapporteur de la
Commission du budget.
Tous les partis rendent hommage à la loyauté
et à la droiture du Président du Conseil.
LES PAYS ÉTRANGERS A L’EXPOSITION
L’ITALIE
Ce fut le 20 avril 1887 qu’on parla pour la
première fois, au Parlement italien, du con-
cours de l’Italie à l’Exposition universelle. Le
comte Ferrari et le comte Bosdari annoncèrent,
en effet, ce jour-là, une interpellation au sujet
de la participation officielle du gouvernement à
la grande fête du travail au Champ de Mars.
Mais M. Depretis, à ce moment président du
conseil, ayant répondu que le ministère n’avait
pas encore examiné la question et que rien
n’était encore résolu, MM. Ferrari et Bosdari
retirèrent leur demande d’interpellation. '
En attendant, la presse italienne, en général,
montrait les dispositions les plus favorables à
la participation officielle du pays, faisant fi de
toutes considérations et remontrances venant du
dehors, de la part de ceux qui auraient voulu
entraver notre grande œuvre nationale, sous le
prétexte que l’Europe conservatrice ne pouvait
et ne devait pas prendre part à un événement
qui allait coïncider avec l’apothéose de la grande
Révolution.
S’il est des monarchies conservatrices pou-
vant s’irriter au souvenir de 1789, il en est
d’autres qui ne méconnaissent pas qu’elles sont
filles de cette même Révolution, et qui n’ont de
meilleur désir que de marcher avec la liberté et
la démocratie. Par conséquent, ce n’est pas cela
qui détourna le gouvernement italien de con ■
courir officiellement à l’Exposition. Ce furent
plutôt des raisons de convenance internatio-
nale jointes à des considérations financières;
mais surtout ce fut la question du renouvelle-
ment du traité de commerce, qui, malheureu-
sement, aboutit à la guerre de tarifs sévissant de
part et d’autre, mais à laquelle, à ce qu’il paraît,
on est tout disposé à mettre fin d’un commun
accord.
Quoi qu’il en soit, le Temps du G août 1887
disait très justement :