L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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l’épargne dont elle a l'ambition et le
désir. Qu’advicndra-t-il de nous le jour
où notre pays verra, d’un côté, se fermer
beaucoup de ces usines d’élaboration et
<le dénaturation qui répandaient des sa-
laires et des bénéfices; de l’autre, dimi-
nuer les revenus des titres émis fiduciai-
rement par les compagnies de transports
auxquelles l’usage répandu du télégraphe
et du téléphone enlèvera dos voyageurs
en même temps ([tic le tonnage de leur
trafic sera diminué? Végéterons-nous?
Périrons-nous ensuite ? Non, certaine-
ment. Des combats comme ceux qu’il
nous faudra entreprendre pour notre
existence sortent les renaissances, les
brillantes époques de réveil pendant les-
quelles le génie national, retrempé par
l’épreuve, se reprend aux nobles entre-
prises et rallume au foyer de son travail
le flambeau de la prospérité.
En 1889, nous montrerons à nos fils
ce que leurs porcs ont fait en un siècle
par le progrès de l’instruction, l’amour
du travail et le respect de la liberté ; nous
leur ferons voir de haut la pente abrupte
qui a été escaladée depuis les ténèbres du
passé, et, s’il leur faut un jour redescendre
vers quelque vallée d’erreur et de misère,
ils se souviendront, feront se souvenir
leurs enfants, et les générations futures
ne seront que plus acharnées à gravir plus
haut encore que nous n’avions gravi, car
lu loi du progrès est immortelle comme le
progrès lui-même est l’infini.
Je termine en disant : A 1889! Mar-
chons fièrement et patriotiquement vers
cette date
Georges Berger.
L’EXPOSITION A VOL D’OISEAU
Comme l’artiste qui a conçu et dessiné dans
toutes ses parties un immense projet architec-
tural, en voit nettement la réalisation dans la
chambre noire de son cerveau, l’aspect général,
avec la perspective cavalière, les coupes, les
abords, les intérieurs et jusqu’aux moindres
cellules : l’étude des plans et l’état actuel des
constructions permettent de dessiner à grands
traits la vue de l’ensemble que le lecteur pourra
suivre sur le plan.
Placé sous le portique circulaire du palais
du Trocadéro, au centre même, dans l’axe du
pont d’Iéna et de la Tour Eiffel, embrassons
d'un seul regard le panorama splendide :
Au premier plan de la perspective, en avant
du portique du palais du Trocadéro, se dres-
sent les statues d’or des parties du monde qui
accrochent les rayons du soleil ; à nos pieds,
se déroulent les pentes vertes des parterres, la
nappe des bassins et nous entendons le bouil-
lonnement des cascades. Au delà, le pont d’Iéna,
la Seine, et, juste dans l’axe, la Tour Eiffel,
dont le sommet de l’arc de base arrive juste à
la hauteur du comble du palais des machines,
caché demain par le pavillon central des gale-
1. Conférence faite par M. Georges Berger.
ries industrielles. Sur l’arrière-plan, à droite
de la Tour, se profile le comble du palais des
beaux-arts, à gauche celui des arts libéraux.
Ici, c’est Grenelle et les hauteurs de Chàtillon,
Mention, Bellevue et ses collines; là, sur la
gauche, le Gros-Caillou et le Paris vivant, aux
maisons pressées, le dôme d’or des Invalides,
le Panthéon, tout gris, les tours de Saint-Sul-
pice, boiteuses, puis celles de Notre-Dame, et,
au loin, les bruines des horizons.
Les jardins du Trocadéro, qui s’étendent
sous nos pieds, sont entièrement consacrés à
VExposition d’arboriculture et à’horticulture ; là
aussi s’élèvent le pavillon des forêts et les ser-
res. A notre gauche, où en 1878 on accédait à
l’Aquarium, s’ouvre une excavation cachée
dans des massifs de fleurs : c’est la Tour Eiffel
en sens inverse, c’est-à-dire le voyage au centre
de la Terre ; un trou noir dans lequel on des-
cendra au moyen d’une cage représentant la
benne d’un puits de mine. La descente dans cet
enfer ne sera qu’illusoire, mais on en aura la
sensation par une légère trépidation imprimée
à la cage, et bientôt on fera passer successive-
ment sous les yeux des visiteurs de grands
tableaux en trompe-l’œil, coupes souterraines
montrant les égouts de Paris, une galerie des
Catacombes, une excavation des anciennes car-
rières sous Paris, aujourd’hui consacrées à la
culture des champignons; les couches sédimen-
taires dont la stratificationdémontreral’hisloire
géologique du globe terrestre; enfin une galerie
de mine de charbon et de fer, des filons métalli-
ques, des carrières de sel gemme, en pleine acti-
vité d’organisation et d’exploitation.
Au bas des jardins, le pont d’Iéna, unique
communication avec le Champ de Mars, est
couvert d’un vélum et orné de kiosques élé-
gants; au débouché da pont, immédiatement à
droite et à gauche, avec façade sur la partie
dite le Square de la ville de Paris : l’histoire de
l’habitation, c’est-à-dire quarante-neuf petites
constructions types de l’habitation de l’homme
aux diverses phases des temps, de la période
préhistorique à la période historique; chaque type
de demeure de chaque âge, de chaque civilisa-
tion s’élevant dans son milieu, dans la nature
qui l’entourait, avec sa flore, avec sa faune, à
l’intérieur avec ses accessoires, à l’extérieur
avec sa vie propre.
Parisis, dans un article très vivant, a
essayé de donner une idée de cette conception
de M. Ch. Garnier, l’architecte de l’Opéra, qui a
appelé à lui des historiens, des savants, des
décorateurs, tous ceux enfin qui peuvent créer
l’illusion complète en l’appuyant sur des don-
nées historiques exactes.
Tout autour de la construction de M. Eiffel
s’étend le parc du Champ de Mars, avec ses
rivières, ses cascades, ses vallonnements, peu-
plés des pavillons d’exposition de chacun des
États de l’Amérique centrale et méridionale. On
a aussi réservé dans cette partie une grande
salle de théâtre au milieu d’un espace de
2,000 mètres carrés, où l’on trouvera tous les
jeux destinés à la jeunesse et où l’on donnera
des représentations enfantines. Dans la partie
gauche du parc (côté de Paris) s’élèveront : le
pavillon des tabacs, la maison suédoise, le bâti-
ment des téléphones, le pavillon de la presse, vaste
centre où on réunit toutes les informations, et la
bibliothèque spéciale nécessaire aux correspon-
dants de journaux.Puis vient l’Exposition du gaz:
pavillon combiné spécialement pour son objet,
dont, le soir, les toitures, les tourelles, les ,
frontons, toutes les saillies et toutes les ouver- |
tures, seront éclairés par transparence, maison
de flamme déjà surnommée par les ouvriers la
maison du feu. Enfin, dans celle même partie
da parc, on a donné la concession d’un grand
café-concert à deux artistes comiques célèbres,
Scipion et Daubray, et là viendront concourir
et s’exposer toutes les célébrités comiques, les
étoiles du chant, les danseuses, les baladines,
les divas de Bohême et les Patli du bock et de
la limonade, et les Paulus internationaux.
Sortons du parc, revenons à la Tour Eiffel et
regardons de là l’École militaire. Nous avons
en face de nous, au lieu d’un parc anglais capri-
cieux semé de pavillons, un immense jardin
français à deux étages de terrain, avec de beaux
parterres rectilignes, richement plantés d’arbres
et de fleurs, terminé dans l’axe par des cas-
cades, des fontaines, des jets d’eau qu’on éclai-
rera le soir à l’aide de la lumière électrique
colorée.
Ces longs jardins français, fermés à droite et
à gauche par le palais des beaux-arts et celui
des arts libéraux, et clos par les galeries indus-
trielles, forment une sorte de square autour
duquel on a concentré tous les établissements
de consommation de tous les pays du monde,
sous la ceinture de portiques qui le bordent.
Tous soumis à un plan uniforme et se succé-
dant sans interruption, cesrestaurantsgarderont
chacun leur caractère indigène dans la décora-
tion, et ceux qui les desservent porteront tous
leurs costumes nationaux. Les Mozos, les
Manolas, les Kellner, les Moujiks, les Tyrolien-
nes à jupes courtes, les blondes Girls ou les
Frisonnes, et autres échantillons de garçons et
servantes choisis avec soin pour le plaisir des
yeux, y débiteront l’orchateria, l’ale, le gin,
l’hydromel, le faro, le lambic, le kummel, le
curaçao, la slivovitza, les vins de France ;
même le cidre, le guignolet, et bien d’autres
choses plus mauvaises encore. C’est la conces-
sion nécessaire faite aux divers appétits des
visiteurs. Si l’on avait écouté les inventeurs
d’apéritifs et les innombrables fabricants de
liqueurs aussi digestives que nuisibles à la
santé, le Directeur de l’Exploitalion aurait dû
couvrir les parcs et jardins de kiosques tapa-
geurs et de débits de dégustation, qui auraient
fait de l’Exposition un immense bar. Désormais
la liste des concessions est irrévocablement
close.
L’éclairage par l’électricité date d’hier seule-
ment; c’est elle qui permettra celle innovation
de l’ouverture de l’Exposition à la nuit close;
aussi, à celte heure nocturne, le carrefour
compris entre les palais et les galeries indus-
trielles, sera-t-il le coin le plus pittoresque et le
plus vivant de toute l’Exposition. Au vif éclat
des feux électriques, on entendra ronfler le
panderos, cliqueter les castagnettes, grincer la
cithare et pincer la guzla; les Tsiganes feront
rage avec la marche de Rakoscy; les minstrels
de Leicester Square passés à la suie coudoieront
le piper écossais qui enverra aux échos le
S weet-IIome ; pendant que le négro de la Havane
hurlera : « A la Ratatomba, muchachos ! »,
auquel répondront les « Alsa ! ola Salero ! » des
Gitanos de l’Albaycin.
Au sortir de ces gaietés internationales, de
cette Babel culinaire, on entrera dans le palais
des machines, tout en feu comme un brasier,
colossale conception aux proportions démesu-
rées; exposition unique, la plus grande qu’on
aura encore imaginée. Qu’on se figure l’effet do
celte mise en mouvement de deux mille cinq
cents chevaux-vapeur, activant des milliers